Accompagner le mouvement intérieur, l’épicentre de la dynamique coaching de vie

Publié par FCV le

Accompagner le mouvement intérieur, l’épicentre de la dynamique coaching de vie

Accompagner le mouvement intérieur du coaché est une démarche aussi subtile qu’essentielle dans la pratique du coaching de vie. De quoi parlons-nous précisément ? S’agit-il de la vitalité qui nourrit et anime tout être humain ? Est-ce une respiration qui se déploie jusqu’aux espaces intérieurs les plus retirés ? Est-ce une manifestation organique naturelle qui fait que la vie se maintient et se prolonge ? Quoi qu’il en soit, cette dimension du mouvement s’annonce comme l’épicentre de toute la dynamique de l’accompagnement coaching de vie.

Accompagner le mouvement intérieur du client est au centre des préoccupations du coach de vie, qu’il soit débutant ou confirmé. C’est en premier lieu accueillir ce qui anime, réactualise et renouvelle les ressources de l’humain. Il serait étrange et paradoxal si le coach de vie se désintéressait de cette expression du vivant chez son client. Car c’est précisément en percevant, recevant, accueillant et accompagnant ce mouvement, tel qu’il est, là où il en est et là où il s’oriente que la dimension du coaching de vie se déploie.

Accompagner ce mouvement requiert de la présence à soi, à la relation et exige une attention à ce qui est, sans jamais vouloir s’attacher à le contrôler, et en lui reconnaissant ce « constamment mouvant »(1) qui le caractérise. C’est l’opportunité pour le coach de vie de renoncer à le comprendre et à anticiper ses fluctuations. Accompagner le mouvement intérieur du client, c’est accepter à la fois sa force d’ouverture et de créativité mais aussi son insaisissabilité. En quelque sorte, il est demandé au coach de vie d’accompagner l’insaisissable… Ce mouvement intérieur ne saurait faire l’objet d’un vouloir possessif. Le mouvement est, sans qu’il soit possible de l’accaparer. Et ce n’est pas non plus en se crispant et en se focalisant sur lui coûte que coûte que le coach de vie s’offre les meilleures conditions pour l’accompagner. Il ne saurait non plus faire l’objet d’un réglage définitif. En fait il oblige le coach de vie à un ajustement permanent, à moduler sans cesse sa posture selon les fluctuations de ce mouvement. Celui-ci, allant-venant, crée facilement de l’incertitude, du doute voire de l’anxiété chez le coach de vie débutant. L’attention portée à accompagner ce mouvement, ce capital de vie, est majeure en coaching de vie.

Accompagner le mouvement intérieur du coaché est une donnée majeure en coaching de vie

Mais que savons-nous de ce mouvement continuellement exposé et sensible ? Il est une voie primordiale qui assure la régulation du corps dans sa globalité et qui ne cesse de se modifier, de se renouveler et de se transformer. Il sert de véhicule aux émotions, sensations et variations diverses dont tout être vivant est constitué. Il contribue autant à la vitalité qu’il témoigne de ce qui s’enlise et s’immobilise. Il est à la fois rythme, espace et lieu d’expériences intérieures variées et diverses. La puissance et la ressource de ce mouvement sont telles qu’il peut tout à la fois se retirer, se réorienter et se réengager vers des perspectives nouvelles (3). Il est à la fois le vécu, le questionnement et la solution. Faciliter son expression exploratrice, tel est l’un des facteurs clés de la mission du coach de vie.

Le mouvement intérieur révèle et met en scène à la fois ce qui est miné intérieurement, ce qui s’oppose et se combat, mais aussi les potentialités, les appels aux renouvellements, aux solutions libératrices et à toutes les incitations à s’élancer, à poursuivre et à créer.

Pourquoi accompagner ce mouvement ? Précisément afin de faciliter le processus d’élimination de ce qui entrave, surcharge et alourdit les capacités de renouvellement. C’est garder ouverts les possibles et de ne rien figer de ce qui constitue le processus vital. Pour la personne coachée, c’est se défaire et se démunir des encombrants : les liens asservissants, les nœuds épuisants, les répétitions dévitalisantes et les persistances reptiliennes. Il est question pour le sujet de s’ouvrir à de nouvelles respirations, à épouser des inspirations créatrices, à répondre avec conscience à des besoins profonds encore inassouvis. Il s’agit de contracter de nouveaux accords, de poser un regard différent sur les êtres et les choses et le plus souvent de s’affranchir des trop et des plus qui encombrent.

Le mouvement intérieur est une régulation naturelle

Le mouvement intérieur(4) est une régulation naturelle, l’élément perceptif de l’homéostasie. Il est ce flux vital par lequel tout surgit, s’élabore, se construit et se meurt. Il est le régisseur du corps et de la vie qui anime. Il incite chacun à se déployer selon ses ressources, induit mais aussi vibre, réagit et s’ingénie à offrir opportunément au coaché des terres intérieures nouvelles à explorer.

Par ailleurs, le mouvement gomme les clivages et les divisions intérieures. Il réunifie ce qui peut l’être et rend caducs les contrats devenus inutiles. Le mouvement ne fracture pas : il globalise. Par nature et par essence il totalise. Dans sa processivité et son actualisation continue, il n’a de cesse d’entretenir, de nourrir et de vivifier les sujets qu’il traverse et anime.

Le mouvement est un et indivisible

Le mouvement est un et indivisible. Il s’exprime en surface par des mots, des intonations de voix, des émotions, des sensations, des pensées, autant de variations diverses pré figuratives d’opportunités. Le coach de vie accompagne ce mouvement, ce souffle, cette énergie vitale par des questions ouvertes, par des silences porteurs, par une présence corporelle, par des outils sans visée particulière mais dont l’intentionnalité est de soutenir le rythme exploratoire engagé par le coaché lui-même. Ne rien supposer, imaginer, croire ou vouloir pour son client telle est la ligne d’implication du coach de vie. Cependant, dans l’acte d’accompagner, il n’a de cesse de créer, de maintenir et de favoriser le contexte adéquat pour que le coaché communique avec lui-même, découvre des ressources nouvelles, accueille ce qui s’actualise et se réactive favorablement la vie en lui.

Le mouvement est à la fois drainant et incitatif. Il relie le sujet à ses besoins profonds comme à son principe naturel d’évolution, de transition et de transformation. Par son flux permanent, il fluidifie autant qu’il élabore. Cependant il arrive que son entrave conduise à des blocages intérieurs, à des répétitions stériles, à des peurs voire à des somatisations. Lorsque ce mouvement se compacte, se densifie et devient une masse obstruante que ce soit sur un plan psychique, émotionnel ou organique, il est difficile pour le sujet d’avancer dans sa vie et de se déployer librement. C’est d’ailleurs dans ces moments de stress et d’esprit confus que le sujet consulte. La circulation vitale de son mouvement intérieur est affaibli, l’air est confiné et les quelques solutions auto-proposées sont inaudibles ou maladroites, peu adéquates à régler ce qui est devenu entre-temps un problème.

Le mouvement, une transition continue

Cependant, et c’est tout le paradoxe, lorsque l’harmonie s’installe, celle-ci court le risque de se fixer, de s’enfermer, voire de s’envaser. Aussi, le mouvement dont l’essence est de maintenir une transition continue, invite le sujet à ne pas demeurer dans ce qui devient rapidement un conditionnement. Le mouvement est par définition exploratoire. Il ouvre, amorce de nouvelles orientations, en défaisant ce qu’il vient de faire. Le mouvement n’est pas linéaire. Il peut s’étioler, diminuer d’intensité, ralentir et s’essouffler. Car ce qui est devenu « harmonieux » par le jeu du mouvement lui-même, ne questionne plus… Et dans cette absence de rythme, la stagnation apparaît. C’est ainsi que le mouvement appelle à se risquer hors de la zone de confort, à renoncer aux schémas précédents et à délier ce qu’il a par lui-même recherché, lié et obtenu.

Accompagner le mouvement intérieur, lui-même influencé par les manques, les désirs et les besoins de chaque sujet, c’est autant que possible laissez-être son renouvellement perpétuel sans l’alourdir d’intentions, de jugements, d’a priori et sans se prélasser dans l’obtenu au-delà de ce qui est nécessaire intérieurement à l’Être. Entretenir et préserver « cette capacité d’élan » (2) singulière et spécifique dans la forme comme dans le fond, c’est à la fois accueillir « le devenu » (2) dans l’instant de la personne, pour que son « devenir » puisse se déployer. Le mouvement ne capitalise pas. Il est transition continue sans rupture avec ce qu’il a été. Se maintenir dans « sa capacité d’élan » ce n’est pas faire durer le résultat acquis. C’est apprécier et se nourrir du « devenu » tout en se détachant doucement de celui-ci.

Communier avec cette fluidité naturelle c’est aspirer à la joie d’un futur grâce aux fruits consommés du passé et du présent. L’essor de ce mouvement s’accompagne, c’est tout l’art du coaching de vie. Cette transition continue a quelque chose d’aléatoire et de créatif. Le mouvement n’est pas constitué d’étapes successives claires, graduelles et délimitées dont chaque résultat est soigneusement entreposé et maintenu tel quel. Le mouvement s’alimente tout autant de ce qu’il obtient que de ce qu’il défait, délie et déconstruit. En effet, il se désengage de ce qu’il obtient pour reconfigurer aussitôt ses paramètres pour de nouvelles adaptations et transitions. Le passé comme le présent sont réinvestis dans un processus de possibles à venir, et ce, sans discontinuité et sans rupture. Le mouvement est un enchainement permanent, un déroulement infini. C’est certes une recherche incessante de cohérence mais pour s’en éloigner dès que celle-ci est vécue, en tissant des liens de cause à effet. Entre le pré-obtenu, l’obtenu et le devenir, la filiation est mouvante, en tension entre exploration, obtention, détachement et prolongement.

Accompagner le mouvement, c’est accompagner le coaché dans sa prise de risques

Se décoller des cohérences présentes pour s’ouvrir à celles de demain, le mouvement s’auto- promeut dans ce déroulement continu. Ce processus n’est pas sans risques et sans perturbations pour le sujet qui, le plus souvent, préférerait vivre confortablement sur ses acquis. Mais ce dernier est confronté comme tous ses semblables à cette processualité féconde qui œuvre, accomplit et délie. Accompagner le mouvement, c’est accompagner le coaché dans sa prise de risques, dans sa capacité à s’écarter du connu, à vivre un hors zone de confort, à renoncer aux schémas précédents et à se laisser guider par ce qui l’anime et le ré-implique dans de nouveaux possibles. Le mouvement n’a de cesse de créer le terrain adéquat pour que des possibles émergent en flux tendu par régulations et dérégulations.

Le mouvement intérieur est sans but déterminé, sans terme annoncé, sans résultat définitif escompté. Le mouvement intérieur espère-t-il un dépassement, une élévation ? Il semblerait qu’il soit plus juste de parler d’ajustement, de processus en approche de quelque chose sans jamais l’étreindre.

Ce mouvement intérieur a une fonction nourricière essentielle : il revitalise l’existant. Mais pas seulement, ce mouvement a aussi la fonction d’éliminer naturellement, de recracher et d’expulser ce qui est vicié, ce qui n’est plus fructifiant voire malade.

Accompagner le mouvement intérieur du coaché, un axe essentiel de la mission

L’accompagnement du mouvement intérieur n’est ni une fabulation, ni une vue de l’esprit et encore moins une balade ésotérique. C’est un axe essentiel et vital de la mission de coaching de vie, un élément pivot de l’accompagnement, très souvent méconnu, voire nié à la hauteur de ce phénomène subtil et sans emprise réelle.

Cependant, lorsque le coaché prend conscience du mouvement intérieur qui le porte et le trans-porte mais aussi ce qui bloque en lui, ce qui obstrue de l’intérieur son action ou trouble sa pensée, ce qui perturbe le rythme énergétique de son être, un grand pas est franchi vers une prise de conscience de ce qui est juste pour lui et vers l’émergence de réponses voire de solutions adaptées à sa situation.

La quintessence du processus coaching de vie est dans cette progression et transformation réalisée par le coaché lui-même. Dès lors que surviennent ces éclairages et ces prises de conscience, « ce souffle-mouvement » est porteur d’aspirations et de perspectives nouvelles et créatrices. Le plein épanouissement du sujet est constaté. Le corps est soudainement nourri, étonnamment plein, léger et joyeux. En regard de quoi, le coaché élabore facilement des stratégies innovantes pour traverser ce qui était il y a pas si longtemps que cela, une difficulté, un problème, un infranchissable problème…

Le savoir-faire lié à l’accompagnement de ce mouvement ne se livre que dans son usage et sa pratique. Il se place au-dessus de tout savoir théorique. Il demande beaucoup d’expérimentations de la part du coach de vie et exige de lui qu’il ne se contente pas de se tenir platement face au client. Il lui est demandé dans la pratique, d’être en son centre et consciemment impliqué dans un dispositif adapté : celui de la posture d’accompagnement.

C’est dans le sillage de ce mouvement que s’écrivent les plus belles pages pour le coaché. Elles témoignent dans le fond comme dans la forme de ce qui se communique, s’affine, s’élabore, se transforme et se solutionne en lui-même. L’expérience à la fois très concrète, vigoureusement incarnée par une nécessité intérieure d’aboutir à la réalisation de son objectif s’enrichit d’un élargissement de sa conscience naturelle. Cette nouvelle connaissance de lui-même lui permet de trouver un courage plus grand encore pour assumer ce qui se présentera à lui dans un futur proche ou plus lointain.
Le coaché apprend, sur le terrain, la dimension qui est la plus riche en expériences : Être…

Car ce qu’a laissé émerger le coaching de vie c’est la présence continue de réponses à l’intérieur de lui-même. Encore faut-il un cadre approprié et ajusté ainsi qu’un accompagnant témoin sans attente, sans intention, sans visée, et aussi centré, ancré, vertical dans sa posture, et doté d’une bienveillance inconditionnelle pour qu’elles adviennent.

Accompagner le mouvement, celui-là même qui inscrit le coaché dans son présent et ses propres solutions, relève d’un processus qui souligne les valeurs et l’éthique d’une dimension profondément humaniste. Retrouver son initiative, se maintenir dans une transition continue, vivre une liberté à se déterminer par lui-même et à l’assumer ouvertement, engagent un avenir multiplicateur de possibles pour toute personne prenant sa part de risque d’être, un jour, accompagné.

Roger DAULIN

(1) Karlfried Graf Dürckheim évoque cette notion du « constamment mouvant » dans ses enseignements.
(2) Expression empruntée à François Jullien dans son livre Décoïncidence Edition Grasset
(3) Socrate lui-même évoquait « de ne pas rester englué dans la vie ».
(4) Carl Gustav Jung dans son ouvrage La réalité de l’Âme, écrivait à propos du mouvement qu’il est « un processus de vie » et soulignait l’idée de circulation permanente. Il a écrit également « Le mouvement est la souveraineté pour l’homme ».

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1 commentaire

LE BEC Iris · 22 novembre 2019 à 11:27 am

Il me semble que cela rejoins l’énergie d’Amour qui est au coeur de toute vie, peut être l’essence même de ce mouvement et de cette énergie de vie…après chaque individu aurait ses couleurs multiples dans des combinaisons infinies qui viendrait colorer cette essence, lui donner du corps, de la matière, une apparence, des caractéristiques propres et évolutives…

L’équilibre qui permet d’être en mouvement , d’être au coeur de cette énergie d’Amour, d’être en présence de tout ce qui est sans vouloir le changer, le transformer, l’améliorer, permet quand on arrive coeur de celui ci, de libérer une force puissamment transformatrice, capable de tout guérir, de tout transformer, de tout intégré et englober…

Il est une théorie qui indique que cette puissance lumineuse peut être terrifiante, notamment de part les à priori et croyances que nous avons sur elle, de part nos conditionnements, culpabilités, blessures…et qu’il serait difficile de part ce fait de ressentir la volonté consciente, totale et profonde de se laisser transporter, transcender par elle…

Une autre théorie propose que notre plus grande blessure fondamentale serait de nous être coupé de cette énergie d’Amour, et nous nous condamnerions à errer loin de notre source, laissons l’encombrement, l’enlisement et les illusions nous perdre dans des méandres que nous avons mis en place pour nous protéger de cette blessure fondamentale…
la manière de vivre cette blessure fondamentale par le prisme de nos couleurs donnerait les 1000 et 1 variations des blessures, masques, et heurts de la vie humaine…

D’autres encore exposent que la descente sur Terre implique un « oubli » de cette source profonde, qui pourrait provoquer inconsciemment de la colère, blessure, d’avoir été « coupé » de ce que nous recherchons au plus profond de nous même…et que l’idée de l’existence est de la retrouver, se réconcilier avec elle en lui faisant traverser toutes les strates de la matières et des multiples de la vie terrestre pour lui une ampleur sans précédent, lui permettre d’être transformée par ce passage sans perdre son essence profonde…

Une autre approche est de percevoir que la reconnexion profonde à cette source, à ce mouvement, cette énergie fondamentale, nous ferais ressentir pour un temps la souffrance que nous avons ressentis quand nous nous sommes séparés, éloignés de celui…

Le 2ème versant de l’accompagnement, serait donc selon moi , une fois ce mouvement plus libre et harmonieux, de venir en contrebas explorer les résistances à notre libération profonde, à notre lumière, afin de pouvoir se libérer de nos dernières chaînes et vivre enfin pleinement l’Etre dans toutes ses réjouissances…

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