En coaching de vie, quel rôle occupe la « demande » ?

Publié par FCV le

En coaching de vie, quel rôle occupe la « demande » ?

En coaching de vie, la demande n’a de sens que pour ce qu’elle représente, à savoir… l’opportunité d’une rencontre ! En effet, poussée par le désir d’exprimer un vécu, elle est naturellement un moment clef et nécessairement passager. C’est un temps concis par lequel la personne fait le récit, court de préférence, de ce qui l’amène à être accompagnée.

La demande, qu’elle que soit sa formulation, n’est que la partie immergée de l’iceberg, constituée, disons-le rapidement, par le conscient et l’inconscient réunis. La partie cachée est plus importante de beaucoup que sa partie consciente et exprimée. En quelque sorte, la demande ne dit pas tout, loin de là !

En coaching de vie, quelle place accorder à la demande d’un client ? Que dit-elle ? Au nom de qui et de quoi parle-t-elle ? De quoi est-elle la manifestation ? La demande peut-elle être un piège ? Ou est-elle un levier, une belle opportunité pour passer d’un « manque-à-être » à un « besoin d’être » ?

Question : La demande est à l’origine d’une mission de coaching de vie. Quel regard portez-vous sur celle-ci ?

Réponse : Précisons s’il le fallait, que sans une demande, il n’y aurait pas de coaching de vie ! C’est sous la poussée d’une demande qu’un vécu se raconte. Les premiers instants d’un coaching de vie sont verbalement occupés par les dires, les pensées, les questionnements du coaché. C’est le temps de l’expression d’une demande. C’est généralement un temps court, un temps pivot : quinze à vingt minutes environ… La demande se définit comme un acte relationnel adressé au coach de vie. Et naturellement la demande est suivie d’une attente, d’un souhait, d’une espérance, car il s’agit pour la personne coachée, d’obtenir quelque chose du professionnel rencontré. Et d’autant plus, si la demande se répand avec moult détails dans la durée. Car dans ces circonstances, il devient de plus en plus difficile pour le coach de vie de ne pas être tenté d’étudier, de disséquer, de déchiffrer, voire pire encore de « psychanalyser » la demande !

Bien sûr, la personne coachée est en droit d’attendre écoute, respect, tolérance et bienveillance du coach de vie. C’est le minimum. Mais rapidement elle somme le coach de vie de lui fournir des explications, des débuts de réponse, voire des solutions toutes prêtes, clefs en main ! Par exemple : Qu’en pensez-vous ? Que feriez-vous à ma place ? Avez-vous une solution à ma situation ? etc.

C’est un moment délicat de la toute nouvelle alliance entre la personne coachée et le coach de vie. Ce dernier est parfois tiraillé entre son désir d’une part, de soumettre des idées au client, voire de le conseiller, et d’autre part, de préserver sa posture d’accompagnement dont la principale valeur est de faciliter l’autonomie, la prise en charge par le client lui-même à trouver ses propres réponses.

Q : Comment un coach de vie traite une demande ?

R : Sommes-nous là pour traiter une demande comme un thérapeute traite une maladie ? Il ne vous aura pas échappé que notre posture est celle d’un accompagnant, pas celle d’un aidant au sens de trouver pour l’autre et à sa place, des réponses à sa demande. C’est pour cela que rapidement le coach de vie questionne la personne coachée sur ses besoins, ses aspirations profondes. Il n’appartient pas au coach de vie de s’appesantir sur la demande, de l’analyser, de la comprendre, de l’installer dans une causalité offrant peu de marges de manœuvres innovantes. A vouloir tout savoir, tout comprendre, c’est se focaliser sur le « manque-à-être ». C’est lui donner de la consistance, encore et encore… Le rôle du coach de vie n’est pas de récupérer des éléments rationnels de compréhension qui peuvent être à l’origine de l’insatisfaction, et encore moins d’établir un diagnostic.

Q : Mais alors, sur quoi travaille le coach de vie ?

R : Le coach de vie « ne travaille pas » sur quelque chose en particulier. Il questionne en accompagnant. Voire il accompagne en questionnant … En fait, aussi étrange que cela puisse paraître, il questionne pour questionner. Sans intention, sans rechercher quelque chose en particulier… Ainsi, il adresse à la personne coachée un questionnement ouvert sur ses besoins fondamentaux logés dans la profondeur de son Être, sur son « besoin d’être ». Il accompagne la personne coachée et son « besoin d’être » avec douceur, bienveillance, respect et compassion. Ce « besoin d’être », afin qu’il puisse se faire entendre du client lui-même, reconnaître et accepter, nécessite un cadre relationnel spécifique, sans jugement, sans attente, sans analyse. En somme, un accueil inconditionnel…

Ce questionnement ouvert sur le « besoin d’être » du client se doit d’intervenir rapidement au cours de la première séance. Sinon le risque de s’enliser dans la demande est important. Ne sous-estimons pas le pouvoir attractif d’une demande. Il est très, très puissant. Si le temps d’explication et d’écoulement de la demande se prolonge au-delà du temps nécessaire, il devient progressivement difficile pour tout coach de s’extraire de ce qui est devenu, il faut bien le dire, un piège relationnel. C’est ainsi que le coach de vie se doit d’accompagner la personne coachée à négocier activement le passage de son « manque-à-être » à son « besoin d’être ». Quel est-il ? Quelles sont ses aspirations profondes ? Quel est le « besoin d’être » de son corps ? Etc.

N’oublions pas que la demande, telle qu’elle se présente, est une construction de la psyché. Elle offre certes l’avantage d’un récit convenable, décent, acceptable, mais elle témoigne peu de ce qui est en mouvement en profondeur. La demande est la proposition nécessaire pour créer une rencontre, un point de départ à quelque chose, mais elle n’est pas représentative des besoins fondamentaux de la personne ! Et par définition, un coach de vie accompagne une personne dans son entièreté, ainsi que les besoins inhérents à son épanouissement et à son bien-être. Et pas seulement une demande qui viendrait de sa seule psyché !

Q : La personne coachée a recours à un coach de vie afin de « satisfaire sa demande », en d’autres termes, de trouver réponse à son insatisfaction, non ?

R : Oui, c’est ce qui est présupposé par le client. Il vient avec cette exigence. La demande est d’ailleurs dans son rôle : elle demande ! Mais elle demande quoi ? Au nom de qui et de quoi parle-t-elle ? La demande est tout simplement la messagère du « manque-à-être ». Et rien ne se construit durablement, solidement et positivement sur un manque ! Aussi, il s’agit d’accompagner la personne coachée à prendre conscience de ses mouvements intérieurs, de son « besoin d’être », afin qu’elle puisse poser un regard autre, différent, sur son vécu et accéder à de nouvelles perspectives et solutions.

Le coach de vie est conscient que ce qui lui est donné à entendre en premier lieu est une « demande-prétexte ». Elle est l’arbre qui cache la forêt ! Et la forêt en l’occurrence, ce sont les aspirations profondes de la personne, de l’Être, aspirations souvent méconnues voire ignorées et pourtant si influentes pour son devenir ! N’oublions pas que la demande est le symptôme d’un processus intérieur vécu comme une impasse. D’ailleurs, le client lui-même avoue qu’il a retourné le « problème » dans tous les sens, qu’il a exploré toutes les pistes, qu’il s’est pris la tête pendant des semaines et des mois, en vain. Et en désespoir de cause (?!) il vient nous voir pour que nous trouvions à sa place une solution à la situation telle qu’il la perçoit, comme si nous avions une baguette magique. Et malheureusement – ou heureusement- nous n’avons pas de baguette magique.

Cette « demande-prétexte » ou « demande-symptôme » témoigne d’une insatisfaction beaucoup plus large et surtout plus profonde. Mais ce n’est pas en comblant un « manque » que la personne coachée accèdera durablement à un état d’être plus serein, plus créatif. Mais par la découverte de ses besoins profonds et fondamentaux, en y répondant par un cheminement intérieur.

Q : Mais qu’est-ce que cela suppose pour le coach de vie dans sa pratique ?

R : De ne pas se tromper d’interlocuteur ! Faut-il qu’il écoute la seule « demande-prétexte » ou entendre la personne dans sa façon de se situer, de se comporter dans sa propre histoire ? Et surtout, sa responsabilité n’est-elle pas de l’accompagner dans la découverte et la prise en compte de ses besoins fondamentaux ? Le coaching de vie est avant tout basé sur une relation d’Être à Être. Pas sur la seule « demande-prétexte » ! Et n’oublions pas que la vocation du coach de vie est de placer l’humain au centre de l’accompagnement. C’est ainsi que nous recevons et accueillons la personne dans sa globalité, qui accessoirement (!) exprime une « demande-prétexte ».

Q : Accessoirement ?

R : Oui, c’est une façon de dire que l’essentiel est d’accueillir et d’entendre une personne dans son entièreté, plutôt que de s’intéresser à sa seule « demande-prétexte », qui, il faut bien le dire, serait un acte réducteur voir clivant. J’insiste sur le fait que la demande est à la fois un symptôme, un prétexte de rencontre et un moyen pour alerter d’une insatisfaction sous-jacente. Et c’est déjà beaucoup, non ? Mais l’essentiel est situé dans un espace-temps beaucoup plus profond que nous nommons « l’espace des besoins fondamentaux ».  Réduire une demande à un simple désir de résolution d’un problème, c’est faire fi d’une dimension intérieure désireuse elle aussi de s’exprimer à cette occasion. D’ailleurs, je suis convaincu que la demande est l’avant-garde d’un processus « homéostasique » qui tente en permanence de se déployer, utilisant la brèche d’une demande même si celle-ci reste très superficielle et futile au regard de besoins plus profonds. Alors oui, la demande est l’opportunité pour que quelque chose de plus grand, de plus efficient et d’essentiel, s’exprime et s’incarne à condition de questionner précisément les besoins de l’Être-coaché.

Q : Est-ce que cela veut dire que chaque demande est reliée à quelque chose de plus intense et intime à la fois ?

R : Oui, car rien n’existe isolément. Que ce soit notre corps, notre psyché, nos émotions, nos comportements, nos relations, notre existence, notre conscient et notre inconscient, nous sommes en permanence en interdépendance, en interaction constante, à l’intérieur de nous-mêmes comme à l’extérieur. Chaque demande est en effet reliée à un besoin immensément plus vital…

Q : Cependant, la personne en demande d’être coachée est généralement peu consciente de ce qui se trame dans la profondeur de son être…

R : Oui et non… Il est vrai que les premières minutes du premier rendez-vous sont remplies de réponses et de présentations stéréotypées, voire superficielles, évitant ainsi de déranger des mécanismes qui assurent depuis des années un équilibre fragile, mais un équilibre malgré tout. Puis, lorsque le questionnement du coach de vie se porte sur les aspirations, les besoins profonds, il y a très vite de la part de la personne coachée, le surgissement de « choses évidentes ». « C’est ce que je pressentais mais je n’osai pas l’exprimer… »  dit l’un. « C’est une évidence maintenant » dit un autre. « Ce que je viens de comprendre dans mon corps, je le savais inconsciemment mais je ne parvenais pas à mettre des mots et du sens » confie une coachée. Il est vrai que le questionnement ouvert, bienveillant du coach de vie, sa qualité de présence et son accueil inconditionnel créent un contexte extrêmement favorable aux mouvements intérieurs de la personne coachée.

Toute demande est porteuse d’un besoin spécifique qui n’aspire qu’à prendre forme et s’incarner. Et ce besoin fondamental présent, derrière chaque demande verbalisée auprès du coach de vie, doit nécessairement être entendue, considérée et accompagnée.

Q : En conclusion ?

R : La demande est la partie immergée d’un besoin profond qui cherche à s’exprimer. Le coach de vie accueille la personne coachée qui dans un premier temps exprime sa demande, en sachant que derrière le prétexte à sa venue se tient un besoin vital inaccompli. C’est tout l’enjeu du lien demande-désir-besoin pour ensuite accompagner la personne coachée à définir un objectif de vie en congruence avec ses aspirations profondes.

S’en tenir à la seule demande serait ainsi dommageable et limiterait fortement la nature, l’envergure et le déploiement de l’accompagnement.

En résumé :

1 – En coaching de vie, nous considérons qu’une demande a comme visée principale de provoquer une rencontre avec un professionnel.

2- La demande est un moment clef dans le dispositif coaching de vie. En revanche, le temps consacré à l’expression de la demande doit nécessairement être court.

3 – Le coach de vie n’a pas vocation à analyser, à disséquer et à comprendre la demande et à la traiter comme un thérapeute ou un conseiller pourrait le faire.

4 – La demande en coaching de vie est considérée comme la verbalisation d’un « manque-à-être ». Le rôle du coach de vie est de faciliter le passage d’un « manque-à-être » à un « besoin d’être » aussi rapidement que possible.

5 – Le coach de vie, grâce à sa posture d’accompagnant, reçoit et accueille inconditionnellement la personne coachée dans sa globalité. Et pas seulement la demande !

6 – Le coach de vie ne se concentre pas uniquement sur la demande. En revanche, toute sa présence est dédiée à entendre la personne coachée, telle qu’elle est, là où elle en est, et là où ses besoins profonds l’orientent.

Roger DAULIN, Superviseur

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