Voyage au cœur de l’accompagnement coaching de vie… Témoignage

Publié par FCV le

Voyage au cœur de l’accompagnement coaching de vie

Témoignage de Roger DAULIN, fondateur de Ecol’COACH

Ce témoignage sur sa pratique de coach de vie, met en relief notamment sa vision de l’usage des outils et l’impérieuse nécessité d’un travail intérieur.

Question : Quel regard portez-vous aujourd’hui sur votre pratique en coaching de vie ?

Roger Daulin : En premier lieu, j’éprouve une immense gratitude vis-à-vis des femmes et des hommes qui ont accepté d’être accompagné par le coach de vie que j’étais et que, progressivement, je suis devenu.

Ma conviction profonde est celle-ci : être coach de vie, c’est être en mouvement, en questionnement, en doute, et en même temps porteur d’une foi inébranlable sur les ressources et richesses des personnes accompagnées.

J’ai de plus en plus conscience que l’humain est un univers sans cesse en gestation, animé en permanence par des singularités, des états de conscience en éclosion constante, des trous noirs en création. L’humain s’ébat dans une dimension espace-temps qui rend obsolète toute tentative de le réduire à la vision restrictive d’une seule logique de cause à effet par exemple. Ou d’espérer de pouvoir l’appréhender par une méthodologie efficiente. Ou de croire que des outils et des supports dits performants puissent, par leur propriété, faire émerger les ressources les plus spécifiques de la personne coachée.

Q : Pourtant de nombreux outils ont fait leurs preuves en coaching de vie…

« Des outils qui ont fait leurs preuves ? » Oui, bien sûr ! Des outils comme la systémie, l’Analyse Transactionnelle, des supports comme le Cercle Psycho-organique et bien d’autres ont évidemment leur place dans une pratique coaching de vie. Ils facilitent, quelque fois accélèrent une forme de compréhension d’une vision des choses en particulier.

Certes, ces moyens « ont fait leurs preuves » mais la preuve de quoi ? N’ont-ils pas tendance à conforter une approche mentale conventionnelle ? Le risque n’est-il pas que le binôme coach-coaché s’y enferme ? Que « ce qui fait la preuve » précisément soit un leurre ? Est-ce qu’une dimension de l’humain n’est-elle pas niée chaque fois que « ce qui a fait ses preuves » est à nouveau proposé ?

En questionnant ainsi les outils en général, je n’oppose pas « ce qui a fait ses preuves » à quoi que ce soit d’autre ! J’évoque simplement que lorsqu’une femme ou un homme choisit d’évoquer son existence dans une histoire, lorsqu’il (elle) se raconte, lorsqu’il (elle) se rêve vivant(e), pouvons-nous nous en remettre seulement à des outils, même si ceux-ci « ont fait leurs preuves » ?

Q : Si je comprends bien, c’est la dimension spéculative des outils que vous remettez en cause ?

Est-il facile de se débarrasser de l’illusion de ses pensées ? L’humain sait il s’échapper de ses propres activités spéculatives ? L’outil, quel qu’il soit, ne débarrassera pas le coaché de ses dilemmes récurrents. Le client se pense comme il pense et il donne sa situation à penser comme il la pense… Tous les mots ainsi assemblés pour décrire ce qu’il pense vivre, le client n’a de cesse de rechercher une confirmation de sa propre vision des limites de son vécu. Et la profusion verbale est alors grande pour se conforter lui-même dans sa façon d’être, de penser, de faire, dans sa manière rituelle de spéculer et de miser étroitement sur son futur. Les mots ainsi déclinés par le client ne font que décrire le plafond de verre sous lequel il se débat et s’épuise. Tout au plus l’outil apportera un éclairage sur sa façon ordinaire de se comporter avec lui-même et avec les autres.

Ce que j’essaie de dire c’est qu’il serait le comble que le coach de vie limite par petitesse, par une insuffisance du déploiement de son être intérieur, les recherches et les explorations quelque fois audacieuses de son client, en lui-même, par lui-même, pour lui-même. Que dire de la posture de coach de vie, si celle-ci se replie derrière des outils, se retire de la relation d’Être à Être, s’éclipse de toute proximité avec son intimité, que reste-t-il alors de la dimension humaniste et spirituelle, celle qui s’ouvre au monde sensible ?

Q : Vous semblez, plus que réservé sur l’emploi d’outils…

Je ne nie pas l’utilité fonctionnelle des outils. Je considère simplement qu’ils sont comme une rampe de lancement, un processus d’accélération, un accès possible à « autre chose » mais l’outil, quel qu’il soit, ne porte en lui aucune résolution innovante. Et de plus l’utilisation excessive d’outils risque de fournir au client les moyens de se ligaturer lui-même son horizon !

Q : Vous préférez le verbal, l’utilisation de mots ?

Il est vrai qu’un coach de vie, en se référant dans sa pratique à l’art de la Maïeutique, propose l’usage du questionnement, des mots et de l’écrit. Mais là aussi, il doit être conscient de leurs limites pour ensuite y renoncer… Tout comme proposer l’usage d’outils en étant conscient de leurs limites, pour ensuite y renoncer… A un moment donné de l’accompagnement, les uns et les autres doivent être abandonnés. Dès que possible… Et, de vous à moi, le plus vite possible est le mieux !

Q : Mais alors quelle est votre méthodologie ?

Vous me demandez de préciser une méthodologie comme s’il existait un savoir-faire performant pour atteindre l’autre rive, celle de la solution. Entre nous, l’autre rive n’existe pas ! Celle-ci est une illusion, un miroir aux alouettes… Si rive il y a à questionner, à explorer, c’est celle où se trouve le client, là, ici et maintenant. Il est ce qu’il regarde ? Alors proposez-lui d’entendre, de s’entendre. Il pense ? Invitez-le à ressentir. Il parle, analyse, explique, suggérez- lui un temps de silence, ou une respiration consciente, ou une gestuelle à déployer. Proposez autre chose que cette horizontalité, hermétique le plus souvent à l’innovant, à l’audace, à l’originalité, en un mot au changement profond.

Comprenons que l’être humain est conditionné par la façon dont il regarde, déduit ou comprend ce qu’il vit. Proposez-lui cette verticalité, espace où l’imagination est active, les connexions neuronales inspiratrices, où le haut et le bas se relie, où le corps et l’esprit, la raison et le cœur mutuellement s’enrichissent. Encouragez-le à « se retourner, se déplacer, se déboîter » de sa façon habituelle d’être au monde.

L’essentiel est qu’il soit en mouvement en lui-même, en déplacement vis-à-vis de lui-même, qu’il prenne une « autre direction » et qu’il s’offre un autre sens, un autre cheminement au-dedans de lui-même, afin que peut-être, par une soudaine impulsion intérieure, il soit en lien avec « autre chose », une autre réalité profonde, un autre champ de vision. Peu importe les fils qu’il tire, les nouvelles connexions qu’il élabore, les réalités phénoménales qu’il induit, l’essentiel est : la réponse du client à ses besoins est au-dedans de lui-même ! A cet instant où l’analyse désespère, où la réponse habituelle (conditionnée) se délite, à cet instant peut advenir « autre chose ». Une autre dimension émerge alors…

Q : Quelle est cette autre dimension ?

A la base, la démarche réflexive de l’humain suit une visée dite horizontale. Elle est issue de l’analyse, de la déduction, du raisonnement, de la logique, voire d’un imaginaire souvent tributaire d’un mental entraîné, influencé et conditionné. L’utilisation d’outils conforte d’ailleurs le plus souvent la personne coachée dans cette approche qui résulte d’une avancée progressive, d’une causalité démontrable et rassurante. Sur cette ligne horizontale se déploie les liens de cause à effet qui ont le plus souvent comme résultantes de bétonner les répétitions, les redites, les recommencements. Mais une autre vision, verticale celle-ci, tourne le dos (sans la nier) à l’explication rationnelle, au mesurable, à l’explicable. Elle tend à offrir l’accès à une dimension intérieure, à une profondeur de l’Être, au déploiement des différents états de conscience.

Q : Comment cet espace vertical se met en place ?

Cet espace vertical s’installe progressivement, de lui-même si je puis dire les choses ainsi, conséquence directe d’un travail intérieur mené par le coach de vie lui-même, en lui-même, pour lui-même. En quelque sorte un coach de vie accompagné dans l’exploration de ses propres terres inconnues… C’est tout dire de l’importance de ce que l’on appelle le travail intérieur. C’est l’expansion de sa dimension profonde, de son Soi, de sa nature authentique, se révélant dans l’exercice ô combien humble, délicat, imparfait, de l’accompagnement. Nous sommes ainsi loin d’une méthodologie, d’un savoir-faire productif et reproductible. Cet espace vertical est aussi le fruit du déploiement d’un non savoir, d’un non vouloir, d’un non faire à la place de la personne coachée. Ce qui peut être alors considéré comme un renoncement dans l’acte de pointer quelque chose, donne accès à une immense liberté pour la personne coachée !

Cette double démarche (visée horizontale et espace vertical) porte en elle la globalité des possibles, à la fois potentiels, perçus et explorés. Il ne s’agit aucunement de dissocier cette double démarche et encore moins d’accorder une valeur supérieure à l’une ou à l’autre.

L’accompagnement coaching de vie fait don de l’opportunité, pour chacun, coach et coaché, d’être enfin celui ou celle que nous sommes ! En tant que coach de vie, c’est se donner la possibilité d’être soi-même, au plus près de sa nature originelle. Être coach de vie est une exigence de tous les instants dans la pratique, en acceptant aussi d’être faillible, incomplet, tout en manifestant une considération, une fraternité inconditionnelle vis-à-vis de la personne accompagnée.

Que propose l’accompagnement coaching de vie ? Rien d’autre que de s’accomplir pleinement. Pour le client, quelle que soit la demande initiale, et je préciserai, peu importe celle-ci, de trouver un contexte bienveillant, sécurisant, ouvert, humaniste, afin de pouvoir se déployer tel qu’il est et de s’accomplir là où il est, là où il en est. C’est ce double mouvement engagé à la fois par la personne coachée et le coach qui rend opérant le dispositif relationnel du coaching de vie.

Q : A vous entendre, l’accompagnement coaching de vie va bien au-delà de la résolution d’une situation pratique…

L’accompagnement coaching de vie répond bien entendu aux besoins exprimés par le client au travers de sa demande initiale. Mais pas que… Le dispositif coaching de vie propose l’accès à des états de conscience en mouvement et en même temps à des réponses innovantes et ajustées à une situation pour laquelle aucune clé émergeait, pour le client, jusqu’à maintenant.

Q : En résumé, qu’est-ce que le coaching de vie ?

Je répondrai en citant une expression qui me fait sourire encore bien des années après l’avoir entendu lors d’une analyse de la pratique : « Être coach de vie c’est accompagner le client à rechercher ses lunettes qu’il porte sur le nez ! ».

Propos recueillis par la FCV

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