Et si nous rajoutions un « E » à SMART (E)*?
Publié par FCV le
Et si nous rajoutions un « E » à SMART (E)*?
Un « E » pour écologie : écologie humaine, écologie de l’Être… Quel sens, quelle profondeur, quelles valeurs apporteraient un « E » à SMART(E)** et bien sûr, à l’ensemble de la prestation en coaching de vie ?
L’écologie humaine, l’écologie de l’Être ou l’écologie tout simplement, invite naturellement à prendre soin de soi, pour soi, et dans la relation avec les autres mais pas seulement ! Elle repose sur une conception du vivant basée sur une interaction permanente et bientraitante entre les différents éléments et écosystèmes qui le compose.
Vous pourriez évoquer le fait que nous proposons déjà en coaching de vie une approche systémique considérant que chaque individu fait partie d’un système. Qu’apporterait en plus ou différemment la notion de l’écologie dans notre accompagnement ?
Bien sûr, restreindre la dimension écologique au seul outil SMARTE, j’en suis conscient, est bien évidemment limitatif. Néanmoins, grâce à son incorporation au sein de cet outil, c’est une façon de l’intégrer à chaque instant de l’accompagnement.
Et sans compter que l’approche écologique confère à la dimension globale habituelle du coaching de vie une perspective irrémissiblement plus étendue encore ! Celle d’une ontologie du vivant…
Qu’est-ce que l’écologie sinon l’approche à la fois horizontale et verticale de l’Être que nous sommes et du monde qui nous entoure. Elle donne d’emblée du relief et de la perspective à la condition humaine. Et par ses interactions permanentes, elle apporte une dimension globale évolutive au cheminement de la personne.
Pour nombre de personnes, l’écologie est seulement la préservation de l’environnement naturel. En coaching de vie, nous n’entendons pas la réduire à cela…
Une définition inspirante sur l’écologie…
Ernst Haeckel (1834-1919), libre-penseur allemand, biologiste et philosophe, considéré comme le père de l’écologie, précisait : « l’écologie est la science des organismes avec le monde environnant, c’est-à-dire dans un sens plus large, la science des conditions d’existence ».
L’écologie englobe tous les niveaux du vivant. Elle relie, inclut et interfère. Elle est le fondement même de toutes les activités du vivant. Elle rassemble les différents espaces de conscience de l’Être et toutes les manifestations matérielles et sensibles qui l’entoure.
L’écologie en tant que matrice de la vie, participe à l’homéostasie de toutes les ressources, de toutes les organisations et de tous les ensembles présents et à venir.
Qu’apporte l’écologie dans la pratique du coaching de vie ?
Un questionnement et une approche aussi exhaustive que possible… Et aussi une perception complète, reliée et globale du monde dans lequel évolue la personne coachée.
Mais aussi et surtout, que jamais rien ne s’accueille et ne s’entreprenne séparément !
La demande formulée par la personne coachée par exemple lors de son premier rendez-vous avec le coach de vie est une infime partie d’une aventure qui débute ou qui se poursuit ! Derrière celle-ci, il y a un monde en interdépendance, en interaction permanente, un monde vaste, illimité, voire indéfini… Ce vaste monde se doit d’être reçu et accueilli inconditionnellement même si de nombreux éléments de celui-ci restent… indéfinissables !
La philosophie de l’écologie au sein de la pratique coaching de vie propose de devenir la personne que l’on est, dans le souci du devenir de l’humanité, en interdépendance et en interaction avec tous les écosystèmes existants.
L’écologie véhicule l’idée que partout l’unité de la vie se révèle. Il suffit humblement de la recevoir…
L’écologie nous invite à recevoir, à considérer et à accueillir la personne coachée dans un panorama d’ensemble, où tout est lié et où tout a un sens même si celui-ci n’émerge pas consciemment. Renoncer à cette hospitalité globale, certains diraient intégrale, c’est déconnecter la personne de sa communauté du vivant.
La réalisation de soi au sein du vivant est une affaire d’entièreté. Celle-ci, quelque part, nous oblige…
L’écologie engage une coresponsabilité…
Dans le cadre de l’accompagnement par le coaching de vie, il est question d’un vécu qui cherche à se rééquilibrer, à se mouvoir avec cohérence en utilisant ses propres sources d’énergies écologiques et ce, de manière responsable.
La dimension écologique est intimement liée à la façon dont chacun et chacune accueillent, comprennent et acceptent leur relation avec le monde qui les entoure.
Il devient alors évident, que la démarche d’accompagnement par le coaching de vie ne se limite pas à seulement atteindre un objectif désiré même s’il génère du mieux-être ! Grâce à l’écologie, elle questionne sur l’art et la manière de nourrir durablement, en conscience, l’équation corps-âme-psyché au sein même des écosystèmes dans lesquels évolue la personne coachée.
L’écologie pose une condition essentielle : la solidarité avec le monde du vivant.
Cette condition interfère d’emblée sur la nature, le choix et la manière de réaliser l’objectif de vie. Est-il seulement porteur d’un « coûte que coûte », d’une performance à atteindre, d’un égo hégémonique, d’un désir effréné et narcissique à prouver une supériorité ou à répondre exclusivement à une exigence extérieure ? Dans ces cas-là, où est le sentiment de responsabilité, de réciprocité, entre la personne humaine et ses multiples écosystèmes dans lesquels elle évolue ?
Lorsque la dimension écologique influence la pratique de questionnement du coach de vie, la personne coachée est interpelée sur la nature de ses interactions en elle-même, mais aussi entre elle-même et son environnement immédiat, présupposé et futur.
Est-ce que l’élaboration de son objectif de vie tient compte de sa façon de se nourrir intérieurement, de nourrir son environnement et bien sûr la façon dont celui-ci se nourrit dans cette interaction ? Et ce dernier point n’est pas le moindre dès lors que nous introduisons l’écologie au cœur même de la pratique !
L’objectif de vie à la lumière de l’écologie…
Par ailleurs l’objectif de vie tient-il compte de la façon dont la personne coachée utilise avec justesse et sagesse ses ressources ? Les utilise-t-elle de manière responsable, efficiente, consciente et sensible vis-à-vis du monde qui l’environne ? L’objectif de vie est-il non seulement bénéfique pour la personne accompagnée, mais aussi aux écosystèmes qui l’entourent ?
Il est facile de comprendre alors qu’il ne s’agit pas uniquement de centrer narcissiquement les désirs, les besoins et les valeurs sur un objectif de vie mais de les intégrer dans un processus d’interactions beaucoup plus large. Cette démarche invite la personne coachée à utiliser ses ressources de manière lucide, élargie et sensible à tout ce qui l’entoure !
Qu’est-ce que cela suppose d’intégrer le « E » à SMART(E) dans le processus de l’objectif de vie ?
Rajouter le « E » à SMART(E) implique en fait de l’intégrer dans l’ensemble de la démarche d’accompagnement.
Ce « E » sollicite l’art du questionnement dans une visée d’équilibre corps-âme et psyché en relation permanente avec tous les écosystèmes au sein desquels la personne coachée évolue. Et ce, sans exclure aucune dimension de l’être humain, qu’elle soit physique, psychique, sensorielle, émotionnelle, morale, spirituelle, etc. Et sans exclure bien évidement tous les aspects du monde sensible en lien de près ou de loin avec l’objectif de vie.
L’écologie fait la part belle aux valeurs et à tout ce qui est et qui fait sens
L’intégration de cette dimension écologique renforce l’humanisation de la démarche « du pratiquant et du pratiqué » ! Elle suppose la prise en compte du milieu vivant et des écosystèmes présents.
Elle contribue à l’élaboration d’un objectif de vie dont découle une existence digne, respectueuse et coresponsable. Et surtout à la mise en œuvre d’un objectif de vie qui ne sépare pas, ne nuit pas à qui que ce soit et à quoi que ce soit…
Une visée essentielle de l’écologie : la solidarité avec le monde du vivant.
Le changement recherché intègre nécessairement les notions d’interdépendance et d’interaction.
Il est ainsi fondamental pour la personne coachée de chercher des réponses et des solutions inclusives qui prennent en compte non seulement ses propres interactions et interdépendances avec le monde qui l’environne, mais aussi les différentes connexions existantes au sein de ce dernier.
L’écologie est un tout. C’est prendre soin de soi, de son Être certes, mais c’est aussi ajuster ses rapports avec autrui et avec une vision du monde qui sort grandie de cette approche globale. Et la question qui émerge alors est celle-ci : l’objectif de vie fait-il grandir la personne concernée mais aussi le vivant qui l’entoure ?
Quels sont les bénéfices pour une personne coachée lorsqu’elle intègre dans sa démarche la dimension écologique ?
Les bénéfices sont nombreux ! D’emblée, je constate que cette approche fait immédiatement sens pour la personne. Et non seulement elle trouve du sens à se questionner et à envisager son présent voir son futur à partir de cette sensibilité globale qu’offre l’écologie, mais plus encore la notion de justesse se déploie de façon pertinente.
A cela s’ajoute une vigilance nouvelle de sa part, par exemple, à ne pas engendrer un gaspillage inapproprié d’énergie, de moyens, de capacités. Mais aussi à éviter un objectif dont le mieux-être ne serait que momentané, ou pire encore, qui appauvrirait le contexte dans lequel évolue la personne elle-même.
Et qu’est-ce que cela suppose pour le coach de vie dans sa pratique ?
1 – Se questionner sur sa propre écologie personnelle, sur sa façon d’être en lien avec lui-même, son environnement, et sa manière « écologique » d’accompagner les personnes qui lui en font la demande.
2 – Recevoir, accueillir, accepter et accompagner la personne coachée dans ses connexions intérieures (psychiques, émotionnelles, sensorielles, énergétiques, spirituelles, etc.) et en lien avec le monde qui l’entoure.
3 – Questionner la personne coachée à propos de son impact sur les différents écosystèmes qui l’entourent de près comme de loin.
4 – Accompagner la personne coachée de façon qu’elle puisse tenir compte de la complexité des interactions et des interdépendances présentes dès lors qu’un objectif de vie prend forme.
5 – Questionner afin de clarifier les modalités de coexistence durable, évolutive et réalisatrice proposé par l’objectif de vie. Fait-il grandir la personne coachée ainsi que le vivant qui l’entoure ?
6 – Veiller à ce que l’objectif de vie ne puisse en aucune façon nuire à quelqu’un ou à quelque chose, et qu’il tienne compte de la totalité de ce qui est, à la fois dans sa dimension horizontale et verticale.
7 – Et que rien ne soit envisagé séparément !
En conclusion…
Serait-il possible d’évoquer la nature évolutive de l’humain sans l’intégrer dans son contexte, dans son vaste monde ?
SMARTE est un support adéquat pour vérifier la pertinence et la justesse de l’objectif de vie de la personne coachée. En incluant le « E » à SMARTE c’est toute la biodiversité du vivant qui s’invite dans la démarche d’accompagnement par le coaching de vie.
Indéniablement, intégrer la dynamique écologique dans l’accompagnement coaching de vie, c’est inviter nos certitudes à se déplacer, à poser un regard ouvert, humaniste, universel, bouleversant ainsi la place et le rapport de chacun avec ce qui est.
Elle renouvèle notre vivance parmi les vivants…
Roger DAULIN Superviseur coaching de vie
*Titre d’une visioconférence proposée par la FCV le 9 mars 2023
** SMART est l’acronyme désignant les différents paramètres nécessaires à l’élaboration et à l’atteinte d’un objectif. Son auteur est F. Drucker, théoricien du management (1945).
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