Je ne vois pas où vous voulez en venir avec votre question ?
Publié par FCV le
Je ne vois pas où vous voulez en venir avec votre question ?
Me répond mon client suite à une question que je viens de lui poser.
En quelques secondes, des pensées se bousculent dans ma tête :
Je suis sortie de ma posture de coach ?
Ma question n’était pas ouverte ?
J’avais vraiment une idée en tête en posant cette question ?
Mes mouvements intérieurs oscillent entre affolement et étonnement. Entre peur d’avoir failli et doutes sur la question que je viens de poser.
Dynamiques relationnelles inconscientes
Il est vrai que régulièrement, mon client tente inconsciemment de me placer dans une posture de conseiller, d’aidant.
« Si je savais comment faire autrement, je ne viendrais pas vous voir !
J’ai beau chercher, je ne trouve pas de solution… vous pouvez m’aider ?
Je ne sais pas… avec l’émoi inconfortable que suscite ce sentiment d’impuissance… »
Et un silence qui semble durer une éternité, s’installe. Il semble appeler mes mots pour soulager… quoi ?
Chaque fois, je suis parvenue à rester dans mon centre. En moi, les petites phrases qui me servent de bouée dans les moments comme celui-ci : mon client a les réponses. J’ai confiance en sa capacité à trouver ses propres solutions. Laisse faire… accueille ce qui est.
Ses tentatives inconscientes pour que je lui apporte des réponses, sont jusqu’à aujourd’hui restées vaines.
Mon client teste le cadre
Il pense encore que je sais pour lui, que mon expertise me donne le pouvoir de changer sa vie. Pourtant le cadre a bien été posé. L’idée d’être accompagné par une coach de vie l’a enthousiasmé. D’être respecté dans ses choix et d’être autonome dans la réalisation de son objectif !
Oui mais là, il bute. Il ne peut s’empêcher de penser que j’ai une idée derrière la tête quand je lui ai posé cette question. Une idée qui lui donnerait une piste pour donner la « bonne » réponse. Comme à l’école…
Ma question l’a ébranlé car elle l’invite à penser autrement. Elle a créé un vide de par l’absence de références dans son vécu sur lesquelles s’appuyer. Pas facile à vivre ! Mais pas impossible non plus.
Je sais tout cela.
Là, pourtant, je suis touchée par cette phrase en apparence anodine.
Je reviens dans mon centre
Et puis je me souviens. Et alors ?
Cette fameuse question que l’on peut poser à la personne accompagnée, je me la pose.
Et alors ? Tu te sens impuissante… et alors ? Impuissante ou pas toute puissante ?
Tu doutes… et alors ?
C’est lui ou c’est toi que tu veux soulager ?
Tu t’affoles… et alors ?
Accueille tes propres mouvements intérieurs comme tu sais accueillir ceux de ton client.
Accueille ton envie de l’aider et laisse-la partir.
Mon client n’a pas besoin d’être ré-conforté mais d’être accompagné dans son cheminement.
Il n’a pas besoin que je lui évite l’inconfortable de ses émotions mais que je les accueille. Que je reste sereine pendant qu’il les traverse.
Il n’a pas besoin que je lui donne des conseils ou des solutions mais de chercher et de trouver les ressources en lui pour trouver ses propres solutions.
Sa question n’attendait pas de réponse
Tout cela dure quelques secondes pendant lesquelles je n’ai pas prononcé un mot, occupée à re-trouver mon calme.
Curieusement, mon absence de réponse n‘a pas perturbé mon client. Il reprend ses réflexions à voix haute.
Sa question n’attendait pas de réponse. Ma question et mon absence de réponse ne l’ont pas troublé : elles n’ont pas arrêté son mouvement intérieur.
Je me suis fait un joli film ! Je me suis décentrée et recentrée. Ce n’est pas la première fois ni la dernière !
Là je n’ai rien dit… heureusement !
Supervision
Parfois, je suis bien « installée » dans ma posture de coach, je reformule si je l’estime nécessaire. Parfois je tombe dans le piège de mon égo sauveur et rebondis. Les mêmes mots prononcés à partir de postures intérieures différentes n’infusent pas la même ambiance !
Je vais de ce pas en supervision pour éclairer ce qui vient de se passer. Peut-être un moment de flottement passager ou la mise en lumière d’une faille en moi qui va se représenter.
J’ai besoin d’un regard extérieur pour y réfléchir en profondeur.
J’ai moi aussi besoin d’une personne qui m’accueillera sans me juger et me questionnera sans m’apporter de réponse.
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