Coaching de vie : de l’autre côté du manque-à-être…

Publié par FCV le

Coaching de vie : de l’autre côté du manque-à-être…

Cet article revient sur une étape cruciale de l’accompagnement coaching de vie. Il s’agit du basculement (1) de la demande au besoin, c’est-à-dire le passage du manque-à-être au besoin d’être.

Le choix du mot « basculement » évoque l’idée précisément d’un mouvement bascule, d’un changement d’orientation et de niveau de conscience.

Et par ailleurs, qu’entendons-nous par « de l’autre côté du manque-à-être » ? Est-ce une façon d’indiquer qu’il existe un accès à un autre côté ? Ou la possibilité de se détacher d’une première lecture dont le ressentiment, l’inconfort et l’insatisfaction dominent et donnent d’emblée une tonalité négative forte ? Et surtout qu’il existe un envers au « manque-à-être ? Mais aussi que la perspective d’un basculement vers autre chose soit possible ? Qu’il est envisageable alors de circuler et de relier ainsi l’envers à l’endroit ?

Ce qui suppose qu’à l’énoncé de la demande en coaching de vie et du manque-à-être qui la soutient, autre chose est déjà là, prêt à s’exprimer. Encore faut-il en être conscient, le solliciter et le questionner…

Cet autre chose échappe au narratif souvent linéaire, envahissant et réducteur de la demande et de son congénère, le manque-à-être.

La négativité du manque-à-être attire…

Le risque, pour le coach de vie, est d’en rester au manque-à-être… Et de vouloir le combler ! Sans compter que ce manque-à-être, souvent longuement verbalisé par la personne coachée, est doté d’une grande attractivité : sa négativité ! Et celle-ci, irrémédiablement, attire …

Rapidement dès la première séance en coaching de vie, le manque-à-être se profile. Jumelé à la demande (2), il exprime au-delà des mots prononcés, un sentiment de vide, de lacune, d’insatisfaction. Tout simplement le constat, par la personne coachée, d’une part manquante en elle…

Péniblement ressenti, le manque-à-être déverse carence, insuffisance et blessure persistante dès les premières minutes de l’échange entre coach de vie et coaché. Cette part écorchée de l’Être se raconte souvent au point d’envahir et de prendre possession de la séance tout entière, et parfois même les suivantes !

 L’urgence d’une solution à court terme est réclamée par la personne coachée. C’est d’ailleurs le motif de sa venue. Trouver une réponse rapide à son inconfort, voire à son mal-être, devient pour elle une urgence !

La négativité du « manque-à-être » attire !

Les coachs de vie en témoignent : la négativité du manque-à-être attire ! Elle est une véritable pompe aspirante et gare à celui ou à celle qui se laisse assaillir et embarquer par le désir du manque et dans la recherche d’une solution rapide, efficace, et ce, le plus souvent à la place de la personne coachée, donc de son autonomie et de son libre-arbitre…

Le manque-à-être et la demande qui lui est rattachée, attirent naturellement le « conseilleur, le soigneur ou le sauveur » là où ça bute, ça racle, ça fait mal. Et l’empathie fait le reste, c’est-à-dire le coach de vie se met à la place de son interlocuteur !

Disons les choses comme elles sont : le manque-à-être séquestre alors la personne coachée comme le coach de vie dans une histoire de réparation, de loupé et de pénurie. Et c’est sous cette influence et exigence à remplir coûte que coûte le manque exprimé, que l’énergie du coach de vie risque de se focaliser rapidement pour trouver une « solution antidote ».

C’est alors que le coaching de solutions ou le coaching de performance entrent en jeu ! Trouver une « réponse antalgique » à la douleur exprimée par le manque-à-être devient pour ainsi dire la quête du Graal ainsi que le ressort qui fait agir et réagir le coach à cet endroit.

Concernant l’accompagnement coaching de vie, il en va différemment. Précisément, celui-ci tend à s’extraire de l’influence du manque-à-être en questionnant l’autre versant… le besoin d’être ! Là se situe le basculement évoqué en introduction de cet article.

S’extraire du « manque-à-être »… et basculer de l’autre côté !

L’écart, qu’il est nécessaire d’engager par le coach de vie vis-à-vis du manque-à-être évoqué par le client, donne à vivre tout autre chose. S’extraire du négatif (manque-à-être), s’arracher à son emprise pour s’ouvrir à de l’autrement, accéder à d’autres mouvements intérieurs, plus ouverts, plus vivants, plus évolutifs, tel est l’intentionnalité de ce basculement.

Questionner le besoin d’être de la personne coachée c’est lui permettre de s’enhardir en dehors de sa zone d’inconfort voire de souffrance. C’est faciliter l’accès à : de l’autre, à de l’inconnu, sans pour autant créer un clivage avec le manque-à-être. Les deux coexistent : manque-à-être et besoin d’être, les deux faces d’une même entité, à savoir la demande !

Basculer et questionner le besoin d’être !

Privilégier le questionnement du besoin d’être, c’est proposer à la personne coachée de poser un regard différent, de trouver en soi une disponibilité nouvelle aux choses qui l’entourent.

Ce basculement du manque au besoin d’être est souvent méconnu, oublié voire ignoré. Et pourtant il est une clef essentielle dans le déroulement du coaching de vie.

Il s’agit de basculer le questionnement du manque-à-être au besoin d’être. Ce renversement modifie les prismes habituels à travers lesquels la personne accompagnée appréhende les situations et les évènements qui l’entourent. Et dans ces circonstances, elle n’est jamais aussi proche de ce qui est juste pour elle…

La part manquante n’est jamais rassasiée…

Ce basculement contribue à renouveler la façon de voir, de percevoir et à sortir de l’enfermement du manque-à-être pour lequel seul le désir de remplir la part manquante motive sa présence. Et malgré tous les efforts prodigués, cette part manquante n’est jamais rassasiée de ce qu’on lui donne.

Elle s’apparente à une tâche absurde et sans fin qui nous rappelle le mythe du tonneau des Danaïdes. Parier sur le fait de répondre au manque-à-être en contentant la demande, c’est remplir à l’infini un tonneau dont le fond est percé !

L’autre côté du manque…

« Tout porte sa part de lumière »… Cette phrase de François CHENG (3) est une invitation à rechercher la part de lumière qui existe en toute chose. La part de lumière, la part du vivant, la part exploratrice et transformatrice du manque-à-être, c’est le besoin d’être qui la porte.

Le pacte avec le vivant, c’est par le besoin d’être qu’il se signe, pas avec le manque-à-être !

Cet oubli-là engendre des impasses, de l’impuissance, tant pour le coach de vie que pour la personne coachée. De nombreux arrêts ou ruptures dans le processus de coaching de vie trouvent leur explication dans cette situation ou plus personne ne sait comment avancer ou surmonter l’obstacle. Le client jette alors l’éponge et abandonne. En quelque sorte, retour à la case départ avec en prime l’échec de cet accompagnement. C’est la double peine !

Le dispositif relationnel propre au coaching de vie, à savoir demande-besoin-objectif et consolidation, tisse un fil conducteur clair de l’accompagnement. En quatre mots, tout est dit !

Et n’oublions jamais que là où le besoin d’être fait défaut, là où il est oublié, le vivant s’épuise.  

Quitter le connu du manque-à-être et basculer pour l’inconnu créatif du besoin d’être ! 

Le processus exploratoire de l’accompagnement coaching de vie se réalise là où se situe le vivant, là où le questionnement ouvre sur l’incertain et l’impensé, là où la présence, la bienveillance et la confiance en l’autre font basculer vers l’inconnu, là où tout se relance et se crée.

Questionner sans relâche le besoin d’être constitue la pièce maitresse du dispositif relationnel de l’accompagnement coaching de vie. Même Socrate, en son temps, n’a jamais cessé de le questionner !

Roger DAULIN Superviseur coach de vie

  • Basculer c’est être bousculé dans une progression jusqu’alors linéaire. Basculer évoque un récit ou désigne une situation dont le processus chancelle et se renverse pour passer d’un stade à un autre, d’un état à un autre état.
  • Abécédaire de l’accompagnement par le coaching de vie Roger DAULIN Editions Vérone.
  • François CHENG écrivain, poète, calligraphe, membre de l’Académie Française. Parmi ses nombreux livres : Vide et Plein : le langage pictural chinois.

 

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