Le coaching de vie, est-ce du développement personnel ?

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Le coaching de vie, est-ce du développement personnel ?

Cette question est posée régulièrement. Il faut dire qu’une certaine confusion règne à ce niveau-là que ce soit auprès du grand public ou de certains professionnels de la relation humaine.

C’est ainsi que la nécessité est grande de clarifier le champ d’action du développement personnel d’une part, et d’autre part, de préciser l’écart existant avec le coaching de vie. Cet article va tenter de décanter et d’éclaircir le sujet.

Généralement, la question est posée ainsi : le coaching de vie, est-ce du développement personnel ? La réponse peut être celle-ci : « Oui, mais pas que… et il s’en faut même de beaucoup ! »

Cette réponse suggère d’emblée un écart entre ce qui se revendique être du développement personnel et le coaching de vie (1). Un écart qui vaut une différence sensible tant sur la nature des moyens et des ressources mis en œuvre que sur la visée.

Qu’est-ce qui diffère concrètement le coaching de vie du développement personnel ? Ce dernier se tiendrait-il à l’écart de quelque chose ? Pouvons-nous parler même de grand écart entre les deux ? Comment et jusqu’où l’un et l’autre portent-ils leur propre regard ?

Qu’est-ce que le développement personnel ?

L’appellation « développement personnel » ne bénéficie pas d’une définition institutionnelle. Cependant que regroupe-t-elle généralement ? Cette appellation rassemble un ensemble hétéroclite de pratiques dont le but est de parvenir à un mieux-être, par la connaissance de la personnalité, par la mise en œuvre efficace de moyens, de capacités et de compétences déjà existantes mais que l’on peut qualifier de minimalistes, par un « déplacement du négatif » et la valorisation de pensées constructives et positives.

En somme, le développement personnel a comme but l’amélioration de la qualité de vie d’une personne dans son quotidien.

Le but du développement personnel : le mieux-être !

L’intention du développement personnel est de parvenir à un mieux-être ! Ce dernier suppose qu’à un moment donné, une personne traverse une période d’inconfort voire de mal-être et qu’elle tente d’aller mieux.

Le développement personnel trouve dans cette période transitoire l’espace pour se déployer. Le « travail personnel » souvent ainsi nommé s’engage dans une perspective d’apaiser des souffrances, de réparer des blessures, de panser des plaies et de renforcer positivement ce qui peut l’être !

Le développement personnel se centre sur la réparation du moi

Centré sur la réparation du moi, le développement personnel débute par la volonté de vouloir modifier des choses et repartir d’un bon pied dans la vie quotidienne. En s’appuyant sur ses forces, sur sa détermination et sur l’idée que la personne se fait de sa vie future, celle-ci tente de parvenir, sinon à une harmonie, du moins à un équilibre satisfaisant.

Le développement personnel évolue principalement dans ce que nous appelons la conscience ordinaire, dans l’horizontalité(2) de la vie courante, dans le rétablissement d’un narcissisme nécessaire à la construction de l’identité et au respect de soi, dans cet espace du moi dans lequel se loge toutes les insatisfactions, les peurs, les angoisses, ainsi que les perspectives (parfois illusoires !) d’une vie stable et aboutie.

Le développement personnel participe à la transition entre « aller mal » et « aller mieux ».

Cette phase que constitue le passage entre « aller mal » et « aller mieux » est clairement le terrain de jeux du développement personnel. Ce désir naturel « d’aller mieux » est bien évidemment à considérer comme non seulement légitime mais essentiel pour tout être humain. Qui n’aspire pas à « aller mieux » lorsque tout va mal ?

Ces dernières décennies, des experts en psychologie, en relations humaines, en philosophie, en management, se sont emparés de ce sujet. Une constellation de concepts et de pratiques émerge de cette approche et a comme but premier, la gestion des émotions, l’épanouissement mental, l’harmonisation des rapports humains dans la perspective d’un fonctionnement perçu comme positif au quotidien.  

Et les méthodes performantes et les « outils-solutionnistes » ne manquent pas ! Les pratiques proposées sont pléthores. Les femmes et les hommes qui s’engagent dans un développement personnel sont mis au défi de focaliser et d’optimiser leurs ressources, leurs capacités et leurs compétences en vue d’obtenir un mieux-être, repérable, maitrisable et reproductible.

Le développement personnel aide à se (re)construire…

L’épanouissement « des traits de caractères » est, selon Seligman (2002), la marque d’un développement personnel « réussi ». Le développement personnel et social est une approche qui permet à chacun et à chacune de se (re)construire tant sur un plan psychique, émotionnel, mental et relationnel. D’autant que bâtir une identité sur un moi fort et stable est une des premières étapes nécessaires à un équilibre de vie.

Si le développement personnel est une opportunité pour toutes celles et tous ceux qui souhaitent améliorer leur quotidien, c’est aussi un possible point de départ pour un regard plus introspectif et plus large sur leur propre nature humaine.

En effet, lorsqu’un réel processus de questionnement sur le sens de sa propre vie, doublé d’un besoin profond de changement et surtout de transformation intérieure s’imposent, un travail de développement personnel ne suffit pas. Un arrière-goût de trop peu, d’insuffisance, de superficialité, nécessite de passer à quelque chose en même temps de plus global et profond de la nature humaine. Pour certains, rester polariser sur le moi égocentré devient intenable…

Sans compter que le risque de s’en tenir à la seule dimension du développement personnel, en rendant le moi toujours plus fort, en l’enforcissant jusqu’à le sanctuariser, est de voir l’individualisme devenir doctrinaire.

L’individualisme… possible conséquence d’un développement personnel poussé à l’excès !

L’approche à court terme, que sous-tend le développement personnel et la façon partielle dont il appréhende l’être humain (le moi), privilégie l’individualisme (3) au détriment de l’individuation (4). En mettant le focus sur l’individu égocentré, sur les causes individuelles de son insatisfaction, le développement personnel, lorsqu’il est la seule approche mise en œuvre et surtout poussé à l’extrême, participe alors à voiler une dimension plus profonde : l’Être existentiel.

Répondre à la question « qui suis-je ? » est la préoccupation majeure du développement personnel. A préciser que cette question s’adresse au moi égocentré, tant l’avidité narcissique de ce dernier à se connaître est grande. Cette recherche introspective ayant principalement comme objet une connaissance du moi par lui-même, vise à renforcer son propre montage défensif à l’égard de toute sollicitation étrangère à sa vision des choses.

Un moi fort et une identité sociale solide, c’est cela que vise le développement personnel et la plupart des pratiques qui le constituent. L’idée qui prévaut c’est qu’un moi robustement constitué et résilient contribue à vivre un quotidien satisfaisant.

A cela s’ajoute une croyance que plus la personne a une connaissance d’elle-même, plus elle est en mesure de connaître les causes de son mal-être, et par ce biais, de le soulager.

La principale intention du développement personnel est de consolider l’identité individuelle. Cela suppose l’acquisition d’un « savoir sur soi », d’une sécurité grâce à la maitrise d’un comportement et de tous les composants d’un équilibre psychologique pragmatique.

Convenons-en, cette phase conduisant à la connaissance de son identité et à la force du moi, est un chemin légitime et bien souvent nécessaire. Et c’est, précisément, le but du développement personnel.

Et le coaching de vie ?

Et pour le coaching de vie, la connaissance de soi n’est qu’une transition ! En effet, la connaissance de soi est alors une conséquence d’un cheminement et pas un but en soi. Car si la connaissance de son identité est un présupposé souhaitable, l’accompagnement coaching de vie prend corps avec trois questions : « Ici, là et maintenant, quels sont mes besoins d’être profonds ? Où vais-je ? Et comment je m’y rends ? ».

Ces deux approches, le développement personnel et l’accompagnement coaching de vie, se rejoignent à cet endroit qu’est la connaissance dite de soi. A aucun moment, il n’existe le moindre conflit dans cette nécessaire compréhension de son moi tant celui-ci conditionne le quotidien d’une vie.

Une approche plus large que la seule connaissance de soi…

En coaching de vie, la connaissance de soi a une signification plus large. Il ne s’agit pas prioritairement de répondre à la question « qui suis-je ? » mais à celles-ci « où vais-je ? » et « comment ? ». Ce n’est plus la connaissance de soi qui prend toute la lumière mais la connaissance du Soi (5), de l’Être et de ses besoins profonds et existentiels.

Si le moi se doit d’être structuré et équilibré pour éviter la dissolution ou l’inflation dans le quotidien de la vie courante, le Soi oriente les aspirations profondes de l’Être. Pour Jung, le Soi est à la fois le contenant et le centre de l’Être. Il est la source, le moteur et la visée du processus d’individuation que chaque être humain pourrait effectuer au cours de son existence afin de laisser se réaliser l’accomplissement de sa nature.

Lors d’un coaching de vie, un basculement ontologique du moi au Soi s’opère !

Aussi, l’accompagnement coaching de vie invite non seulement à une clarification et un discernement sur son identité, sur sa représentation de soi à partir duquel l’individu peut se définir, se présenter, se connaitre et se faire connaitre (6) mais aussi à un basculement ontologique du moi au Soi, de la « forteresse du moi » à la plasticité du Soi, de la stabilité (immobilisme souvent !) d’un moi fort au processus transitoire, fluide, mature et ouvert du Soi.

Le développement personnel rassemble toute son énergie pour conférer une consistance solide au moi.

De son côté, l’accompagnement coaching de vie, procède à la digestion du moi pour une croissance intérieure globale, flexible, subtile et ouverte sur le monde. Ce cheminement passe par l’inclusion du transitoire dans le quotidien, intégrant ainsi une vision alternative de l’existence.

Une croissance du Soi, de l’Être dans sa globalité…

Cette croissance du Soi marque l’écart principal par rapport à la croissance du moi attribué au développement personnel. L’accompagnement coaching de vie se distingue par l’entièreté de sa démarche, par l’entrainement global de la personne dans un cheminement visant son accomplissement selon ce qu’elle est et la nature de ses besoins profonds.  

La croissance du Soi ouvre nécessairement une porte sur des potentialités jusqu’alors ignorées de la personne. Ce ne sont plus des capacités à optimiser comme dans le développement personnel, mais des virtualités (7) et des potentialités à découvrir, à mettre en mouvement dans la perspective d’objectifs innovants. Et la démarche de l’accompagnement coaching de vie consiste à tenir ouverte cette porte, jusqu’à l’émergence d’objectifs justes, c’est-à-dire ayant un sens profond pour la personne accompagnée.

Nous touchons un point essentiel, au cœur de cet accompagnement : une existence qui a du sens ! S’impliquer et s’engager dans un parcours qui offre du sens c’est avoir le sentiment et la conviction que l’existence possède une valeur intrinsèque. Et ce que la personne entreprend a non seulement un impact profond sur son bien-être (8), mais aussi sur son rapport avec son entourage et le monde qui l’entoure. Cela suppose une valeur forte : celle du respect de soi, du Soi tel qu’il s’exprime, et de son environnement !

Répondre de tout son être aux besoins de l’Être…

K.G. Dürckheim écrivait (9) : « L’Être est chez l’homme le moteur, le sens et le bienfait de son action ou de son renoncement à l’action, et il se révèle par le rayonnement qui se dégage de sa simple existence ».

L’inconfort, l’insatisfaction, le mal-être existent. Ils ont une origine. Le développement personnel tente de l’éclairer et de la comprendre pour mettre fin à cette intranquillité du moi.

Le coaching de vie propose, au-delà de clarifier la personnalité, de recevoir, d’accueillir, d’accepter et d’accompagner principalement les besoins de l’Être. Une façon de travailler avec soi-même, à accepter le défi de son existence et apprendre à repérer et à répondre de tout son être aux besoins de l’Être. Ce qui permet à chacune et à chacun des accompagnés, de se délivrer de ce qui entrave et empêche l’accomplissement et la réalisation de soi, et du Soi !

En résumé, si tant est que ce sujet puisse se conclure en quelques phrases !

Notre identité est double, le moi, le Soi. Le « fini », « l’infini ». La conscience ordinaire, la conscience élargie. Le mieux-être, le bien-être. Etc.

Rien ne nous amène à les opposer. Il est au contraire permis d’espérer un espace, un contenant, qui pourrait recevoir, accueillir et accepter l’un et l’autre, « l’un-l’autre ». L’idée est de laisser place au moi pour qu’il se reconnaisse et aux besoins d’être pour se faire entendre.

L’objet de cet article est d’éclaircir et de préciser l’écart existant entre le développement personnel d’une part et le coaching de vie d’autre part.


Dans le dossier « coaching de vie et développement personnel », vous trouverez une liste  non exhaustive, qui, espérons-le, aura le mérite de vous aider à mesurer l’écart existant entre le développement personnel et l’accompagnement coaching de vie.

En conclusion…

Le développement personnel engage une démarche de réparation, d’apaisement voire de réconciliation avec soi-même, dans le but « d’aller mieux » au quotidien. Il s’attache à consolider l’identité. Un préalable sur la longue route du bien-être !

De son côté, l’accompagnement coaching de vie a comme visée de créer un état de cheminement propice non seulement à la connaissance de soi mais aussi à l’ouverture d’un espace de liberté permettant à chacun et chacune de découvrir ce que la conscience ordinaire ne permettait pas jusqu’à présent, d’entrevoir. Une liberté qui facilite la rencontre avec les besoins profonds de l’Être…

L’écart entre le développement personnel et l’accompagnement coaching de vie se situe précisément à cet endroit, là où ça bascule de la conscience ordinaire à la conscience élargie, là où le processus sensibilité-perception-conscience traverse l’opacité des résistances (10) pour qu’enfin l’espérance exprimée d’une existence épanouie, juste et belle devienne une réalité vivante.

L’accompagnement coaching de vie, c’est l’occasion non seulement d’une réconciliation intérieure entre les différents constituants de l’identité sociale de la personne accompagnée, mais aussi et surtout d’une mise en mouvement des aspirations profondes de l’Être et de leurs réalisations, soutenues par un dispositif relationnel spécifique : demande-besoin-objectif de vie-consolidation.

    Roger DAULIN Superviseur coach de vie 

    1. Voir le site de la Fédération Coaching- de- vie
    2. A l’horizontalité, les conditionnements, les habitudes, les conventions du quotidien, une conscience dite ordinaire des choses. A la verticalité, une conscience élargie, une perception au sensible, une ouverture à l’inconnu en soi et dans la relation avec autrui, un lien avec la profondeur de l’Être.
    3. L’individualisme est vu comme un repli sur soi, un « chacun pour soi » !
    4. Le processus d’individuation tel que Jung le définit, est en lien avec le développement de la conscience. L’individuation est une dynamique qui se transforme à chaque fois que le moi fait l’expérience de l’inconscient (ou conscience élargie). Sa principale caractéristique est de mobiliser l’Être dans sa totalité. C’est cette expérience corporelle incontournable qui le constitue et lui donne sa position de sujet. La notion d’individuation présuppose la reconnaissance du Soi, principe de totalité. (Source La psychanalyse Jungienne Elizabeth Leblanc Editions Morisset).
    5. Le Soi selon Jung est une totalité de l’ensemble conscient-inconscient (conscience ordinaire et conscience élargie), totalité illimitée, transcendant la conscience et nos possibilités de cognition.
    6. Source mediablog-coaching.com
    7. Le mot virtualité dérive du latin virtus qui signifie force. Une force jusqu’à présent latente, en puissance, capable de produire des effets si elle est sollicitée.
    8. Le terme bien-être évoque un état intérieur de plénitude procuré par la réalisation des besoins profonds de l’Être, en l’absence de toutes contraintes.
    9. Extrait en page 117 de son livre : L’homme et sa double origine Éditions Albin Michel Spiritualités vivantes.
    10. Extrait d’un article écrit par Christiane Berthelet Lorelle dans la revue française de yoga « Le corps médiateur ».
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    Catégories : Ethique et posture

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