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Et si notre vitalité n’était qu’un seul souffle ?

Il y a des jours où tout s’ouvre en nous, où nous voulons tout changer, tout comprendre, tout oser. Et d’autres, où nous aspirons à nous poser, à savourer, à faire sens.

Deux temps d’un même souffle. Non pas deux forces opposées, mais une seule et même énergie qui tantôt s’élance, tantôt s’ancre.

C’est ce mouvement que le coaching de vie accompagne : cette énergie exploratrice-conservatrice, un flux vivant qui explore pour mieux assimiler, et intègre pour mieux explorer ensuite.

Le trait d’union : le symbole du vivant

Pourquoi ce trait d’union entre « exploratrice et conservatrice »? Parce qu’il relie au lieu de séparer. Il ne met pas deux mondes en opposition, il unit deux dynamiques d’une même réalité.

L’énergie exploratrice-conservatrice n’est pas « moitié l’une, moitié l’autre » : elle est une totalité en mouvement, qui alterne ses fonctions. Comme inspiration-expiration, comme jour-nuit, comme le yang-yin (1), elle incarne le rythme de la vie.

« Tout ce qui vit oscille entre expansion et concentration. Le cœur même bat ainsi : il se dilate, puis se contracte ». Henri Bergson (2), « L’évolution créatrice » Editions Félix Arcan, Paris, 1907.

Ce trait d’union, c’est la signature du vivant. Il rappelle que l’équilibre ne se trouve pas dans l’immobilité, mais dans la respiration des écarts.

Explorer pour intégrer, intégrer pour explorer

L’énergie exploratrice-conservatrice agit comme une vague vivante : elle avance, ouvre, découvre, puis dépose, assimile, conscientise.

Explorer, c’est ouvrir la porte au nouveau. Intégrer, c’est donner au nouveau une place dans l’existant. Sans intégration, l’exploration devient agitation. Sans exploration, l’intégration devient inertie.

Dans l’accompagnement-coaching de vie, cette alternance est naturelle. Une conscientisation appelle souvent une pause. Une émotion invite généralement au silence. Une prise de conscience réclame de l’espace pour se déposer. C’est aussi la nécessité de ne pas toujours avancer mais parfois laisser venir…

Le coach de vie accompagne ce rythme organique, comme nous accueillons la respiration d’un être vivant : inspirer pour explorer, expirer pour intégrer.

Une seule énergie, deux fonctions

Nous pourrions dire : la partie exploratrice ouvre, questionne, expérimente, et la partie conservatrice accueille, comprend, consolide. Mais les deux ne sont pas séparées, c’est le même courant vital qui, selon le moment, prend une forme d’expansion ou de retour à soi.

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » disait Antoine Lavoisier (3).

C’est cette transformation permanente que le coaching de vie accompagne : le passage d’un mode à l’autre, le glissement d’une énergie vers sa complémentaire. Le coach de vie n’intervient pas pour « ramener » le client dans une posture attendue, mais pour recevoir, accueillir et honorer le mouvement en cours, sans jugement ni projection.

Dans la séance : danser avec l’énergie du moment

Prévoir à l’avance ce qu’il se passera dans une séance ? Autant prédire la météo du cœur !

Le coach de vie accueille le climat énergétique du moment : le client arrive-t-il dans une énergie d’élan ou d’intégration ? Son besoin est-il d’agir ou d’absorber ?  Le rôle du coach de vie n’est pas de pousser ni de freiner, mais de recevoir, d’accueillir et d’accepter le point d’équilibre du client, là où le vécu intérieur peut se déposer.

Quelques questions que le coach de vie peut se poser…

  • Quelle énergie domine aujourd’hui chez la personne coachée ? Que peut-elle lui dire ?
  • Est-ce que j’honore le rythme de cette énergie en l’accueillant simplement, ou est-ce que je tente de le diriger ?
  • De quoi l’énergie exploratrice-conservatrice a-t-elle besoin à cet instant ? (Bien sûr, seul le client sait…).
  • Comment cette énergie circule-telle aussi en moi, en tant que coach de vie ? Suis-je dans la présence ou dans le contrôle, dans l’impatience que « cela avance » ou est-ce que j’accepte simplement que les choses soient comme elles sont ?
  • Est-ce que mes questions poussent à l’action, à la recherche, à la nouveauté ? Ou est-ce qu’elles encouragent l’écoute intérieure, la stabilisation, la compréhension, l’assimilation, l’intégration ?
  • Est-ce que je laisse suffisamment de place au silence ? Est-ce que je parle trop vite ? Est-ce que je laisse au client le temps de « poser et déposer » ce qu’il vient d’accueillir, de découvrir ?

Le coaching de vie ou l’art du trait d’union : accompagner le vivant

Au fond, la vie ne se découpe pas en deux forces qui s’affrontent : elle circule à travers elles. L’énergie exploratrice-conservatrice n’est pas une dualité à résoudre, mais une unité en mouvement, un flux qui se déploie et se recueille, comme la marée.

C’est dans cette alternance que l’être humain se construit, se découvre, s’accepte et se transforme. Explorer, c’est s’ouvrir au monde, intégrer, c’est se relier à soi. L’un sans l’autre n’a pas de sens, car l’élan et la profondeur sont les deux battements d’un même cœur.

Henri Bergson parlait d’élan vital : cette force créatrice qui pousse la vie à se renouveler sans cesse. Nous pourrions dire que l’énergie exploratrice-conservatrice en est une expression concrète dans nos existences -ce va-et-vient qui fait de nous des êtres à la fois en devenir et en enracinement.

Finalement, le vivant ne sépare pas : il relie

Ainsi danse l’énergie, celle qui explore pour intégrer et intègre pour explorer, celle qui ne s’arrête  « le yang naît du yin et retourne au yin »jamais vraiment, mais change simplement de forme.

Le coaching de vie, dans cette perspective, n’est plus seulement un accompagnement vers un objectif : il devient un espace de résonance où la personne apprend à reconnaître, honorer et accorder ses propres rythmes intérieurs.

Le coach de vie, lui, devient le garant de la libre expression du trait d’union -celui qui relie exploration-intégration, dehors-dedans, faire-être. Sa posture n’est pas de diriger mais de se tenir dans la présence du vivant, attentif et bienveillant au moment où le mouvement change de sens par exemple.

Ainsi accompagner c’est faciliter la vie à circuler à nouveau, parfois autrement.

Et peut-être est-ce là la plus belle approche du coaching de vie : un art d’habiter le trait d’union, cet espace où tout bouge, tout se transforme sans jamais se perdre.

Roger DAULIN Superviseur FCV coaching de vie

  1. L’expression « énergie exploratrice-conservatrice » évoque la vision d’une énergie unique à double mouvement, principe fondamental que l’on retrouve dans l’énergétique chinoise. Selon cette tradition, toute manifestation du vivant procède du jeu incessant entre le yang et le yin : le yang, dynamique, ascendant, expansif, correspond à la tendance exploratrice, celle du mouvement, de la réalisation et de l’ouverture. Le yin, réceptif, descendant, condensant, incarne la tendance conservatrice, celle de la stabilisation, de la maturation et de la continuité. Ces deux pôles ne sont jamais figés ni opposés, mais se transforment constamment l’un en l’autre : le yang naît du yin et retourne au yin, dans un cycle sans fin d’alternance et d’équilibre. Cette formule « le yang naît du yin et retourne au yin » vient d’une lecture taoïste du Yijing – Livre des Mutations- et de la cosmologie chinoise classique. Donc, dire que le « yang naît du yin et retourne au yin » et inversement, c’est exprimer le mouvement cyclique du Tao, où rien n’est permanent et où toute polarité est issue de son Dans ce sens, c’est une certitude d’expérience pour les penseurs chinois : non pas une preuve logique, mais une évidence intuitive et cosmique. Et dans cette perspective, l’énergie vitale -le Qi- ne se divise pas : elle circule, se module et se régénère à travers ces deux mouvements, dont la complémentarité assure la cohérence, l’homéostasie de toute transformation.
  2. Henri Bergson (1859-1941), philosophe français et prix Nobel de littérature, a développé la notion « d’élan vital » -énergie créatrice et évolutive qui traverse toute forme de vie.
  3. Antoine Laurent de Lavoisier (1743-1794) fut un chimiste, philosophe et économiste français, considéré comme le fondateur de la chimie moderne. Il a établi le principe de la conservation de la matière –« rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Par analogie, sa vision de la transformation de la matière peut éclairer le processus d’accompagnement-coaching de vie : de la personne, comme la matière, ne perd rien de son essence, mais réorganise et transforme ses ressources internes pour évoluer vers un nouvel équilibre.

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