Rechercher la performance ou se réaliser avec efficacité ?
Publié par FCV le
RECHERCHER LA PERFORMANCE OU SE REALISER AVEC EFFICACITE ?
Le mot performance est sur toutes les lèvres, tel un leitmotiv, à la une des magazines et au cœur des méthodes managériales, comme une règle absolue : atteindre et se mesurer à la performance ! Ce que sous-entend souvent la performance c’est une course idéologique dans laquelle le bien-être de l’homme a peu de place. La performance a quelque chose d’absolutiste et de despotique. Aussi le coaching de vie privilégie-t-il l’efficacité plutôt que la performance en positionnant l’humain et son accomplissement au centre de son dispositif.
L’efficacité se présente comme un équilibre entre les capacités développées, les potentialités émergentes, l’objectif à atteindre et l’épanouissement de la personne. Ce mot vient du latin « efficacitas » qui désigne la force et la vertu active d’une démarche. Le latin classique « efficax » désigne des actes qui atteignent leur but. Des qualités de courage, de vaillance, des dispositions sans cesse renouvelées à accomplir des actes justes qualifient ce terme (1).
L’efficacité tient compte à la fois d’une progression assumée dans les résultats obtenus et d’une considération pour la personne dans ce qu’elle réalise. Ce qui est produit alors a du sens et participe à l’épanouissement.
L’efficacité mène au bien-être par l’action
L’efficacité ouvre sur la considération, le respect et l’estime de soi. L’action menée avec efficacité éclaire chacun dans sa propre existence et devient une expérience féconde, généreuse et profitable. Il est alors possible de prendre soin de soi dans la réflexion comme dans la décision, d’apprécier ce qui est juste, adapté et de se laisser atteindre par la complétude d’une action menée avec conscience et joie.
Le coaching de vie accorde aux aspirations profondes la possibilité de s’éveiller. C’est par l’efficacité que la cohérence entre soi et son environnement se déploie, évitant ainsi à ne plus oublier l’essentiel : le lien à soi, à l’autre et aux autres.
De son côté, la performance est associée à une méthode établie par quelques uns pour tous, et à chacun l’astreinte de se plier aux exigences de celle-ci. La singularité de chaque personne est alors niée, obligeant à mettre en place un mécano savant et dupliqué sans relâche. La performance déshumanise… Elle aveugle et écrase toute initiative non préalablement cataloguée. L’apprentissage est limité : chacun devient l’auxiliaire d’une méthode, pensée par d’autres. En vérité, il n’y a rien à dire, encore moins à questionner et c’est ainsi que la personne ne sait même plus pourquoi elle agit comme elle le fait.
La recherche d’une performance constante emmure vivant tous ceux qui s’y adonnent !
L’efficacité, par nature, ne demande pas de répéter mécaniquement un savoir-faire et encore moins un savoir-être. L’efficacité relève « d’un pragmatisme situationnel ». Elle demande à chacun de vivre chaque situation comme une expérience nouvelle. L’efficacité invite à rester attentif, animé par un désir de questionner l’évènement comme si c’était la première fois. Il s’agit d’être disponible à ce qui est, réceptif, sur le qui-vive, dans le désir constant d’interroger, de laisser-venir ce que le passé a su développer en soi en n’oubliant pas de l’adapter aux circonstances présentes. « Le pragmatisme situationnel » stimule la recherche d’une solution nouvelle car ce qui surgit dans l’instant est par nature différent de ce qui a été précédemment, même si certains repères subsistent.
L’efficacité entre en rapport avec ce qui est ici et maintenant, tentant d’éveiller chacun à sa propre intelligence, astuce et ingéniosité. Elle convie à rester ouvert, questionnant et créatif.
En revanche, la performance s’appuie sur une masse de doctrines, de règles, de diktats, apportant « des certitudes manufacturées » là où l’efficacité implique d’interroger sa propre expérience, perception et pensée, et ce qui est appréhendé comme adapté et juste dans l’instant. L’efficacité nous permet d’advenir à ce que nous sommes réellement.
L’efficacité nécessite de prendre le temps d’observer, d’accueillir et de s’ouvrir à ce qui est. Elle nous invite à être dans l’attention, à considérer l’ensemble de la situation, à rester vigilant et disponible aux imprévus et aux opportunités qui circulent. Elle encourage à élargir le champ de perception, d’être en lien avec soi, l’autre, les autres et les évènements présents. L’expérience d’une mise en efficacité d’un cheminement sollicite une présence attentive, stimule les potentialités, encourage à innover, ouvre la question cruciale du sens et préserve l’humanité de chacun.
Vivre le choix de l’efficacité c’est entrer en tant que sujet, acteur et auteur dans son histoire
Privilégier l’efficacité à la performance est une véritable expérience personnelle d’une profondeur étonnante alors que la performance oblige à des résultats impersonnels. Cette dernière implique des niveaux, des rendements, des exploits et une mise en compétition permanente. Elle crée de l’intranquillité et de l’inconfort.
Vivre le choix de l’efficacité c’est entrer en tant que sujet, acteur et auteur dans son histoire. C’est incarner à la fois une responsabilité qui nous échoit en tant qu’être humain dans une action qui a du sens. Choisir l’efficacité c’est déployer les ressources, les potentialités et la singularité de l’être que l’on est. L’efficacité convie à l’étonnement et à l’émerveillement de ce qui est produit, en restant ouvert à soi, adaptable au monde environnant, sensible à toute évolution et transformation intérieure.
Roger DAULIN
(1) Dictionnaire historique de la langue française – Le Robert
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