Coaching de vie : l’IA, un concurrent ?

Publié par FCV le

Coaching de vie : l’IA, un concurrent ?

L’IA divise, fait peur, enthousiasme ! Rien ne semble empêcher son déploiement.

Le sujet du présent article n’est pas de vous énumérer ses avantages et inconvénients. Ni de donner à réfléchir sur l’éthique ou la technologie.

Chaque métier s’interroge comme chaque fois qu’une découverte vient ébranler les modes de fonctionnement. Car, alors des nouveaux métiers émergent tandis que d’autres disparaissent.

L’IA viendra-t-elle concurrencer le coaching de vie ? Ça dépend !

Le coaching de vie, c’est quoi pour vous ?

Si vous pensez que le coaching de vie c’est :

  • Passer de la demande à la solution sans interroger les besoins
  • Une méthode qui se voudrait universelle et générale où chacun.e fonctionne de la même façon sans nuances
  • Affaire de résultat et non pas de cheminement
  • Une autonomie relative : faut pas exagérer hein ? La personne accompagnée n’a pas les connaissances suffisantes
  • Affaire de questions réponses

Si vous pensez que

  • La bienveillance est une formule de politesse
  • Écouter c’est se taire
  • Accueillir, c’est avoir un joli endroit pour recevoir vos clients
  • Compenser c’est résoudre
  • Soutenir c’est dire tu…tu es une merveilleuse personne, tu es capable, etc.
  • Vous devez analyser la personne accompagnée

Alors, oui, l’IA sera un concurrent sérieux.

Le corps

N’oublions pas que savoir qu’un aliment est sucré, signifie que nous en connaissons le gout. Seule l’action de gouter permettra de connaitre… et de comprendre que nous aimons ou pas.

Si vous demandez de décrire le gout d’un aliment à plusieurs personnes, vous aurez autant de descriptions que de personnes interrogées. Si en plus, elles ont des habitudes culinaires différentes issus de cultures différentes…

Vous pouvez décliner pour tous les sens ! Nous ne développons pas nos sens de la même façon. Nous ne communiquons pas avec nos corps de la même façon. Tellement de personnes se trouvent en difficultés pour formaliser leurs ressentis…. Ou comprendre les ressentis des autres ! 

Tiens oui… ce n’est pas parce que vous avez un corps, que vous savez ce qu’est ressentir ni l’exprimer clairement. Mais alors, quand vous n’en avez pas ?

La dimension corporelle est questionnée en coaching de vie. Par une personne qui ressent. Et les ressentis du coach de vie, à partir du moment où il n’y a pas de transfert ou contre transfert, sont une source d’inspiration possible dans la façon de formuler les questions.

Sans parler de la présence du coach de vie qui passe aussi par le corps. Elle est contenante et soutenante. L’ancrage du coach de vie soutient l’ancrage de la personne accompagnée.

Les émotions

Elles sont conséquence.

Dans l’état actuel des connaissances, on a compris que l’émotion crée une empreinte forte dans la vie d’une personne. Quand une situation est vécue comme difficile ou douloureuse, elle devient un traumatisme.

L’émotion vient de figer une expérience dans une histoire personnelle. Tout comme les croyances limitantes, elle bloque le flux de la vie en soi.

Dans une dimension émotionnelle construite sur des bases solides, une émotion est vécue, entendue, accueillie, comprise puis passe son chemin.

Elles sont aussi élan.

Quand elles sont un moteur pour avancer, résister, construire, créer.

Comprendre de mieux en mieux leur fonctionnement n’est qu’un premier pas vers une reliance intérieure sereine.

L’IA recense des informations, réunit des façons d’exprimer, des phrases beaucoup employées mais elle ne ressent pas.

Une personne qui ne ressent rien, n’a pas d’empathie réelle. Il me semble d’ailleurs que c’est une des caractéristiques des psychopathes !   

Ce n’est pas parce que vous avez la définition d’une émotion que vous savez la vivre.

Mais alors, quand vous ne ressentez rien, comment poser une question sans que celle-ci ne devienne une agression possible ? Sans regard, douceur, attitude accueillante qui vient tempérer le choc des mots.

Société mentale

La croyance que l’IA peut remplacer un.e coach de vie est une affirmation purement mentale, un raisonnement intellectuel.  Car c’est toute la partie sensible de l’accompagnement coaching de vie qui est niée, occultée.

Cette réalité sensible qui ressent et donc peut souffrir.

Ce n’est pas parce qu’une chose est occultée qu’elle n’existe pas. D’ailleurs ne pas avoir conscience de ce qui se passe en Soi aboutit aux hurlements du corps et des émotions pour se faire entendre.  Ou encore à une folle dépense d’énergie pour tenter d’éviter un invisible qui prend beaucoup de place.

Dans une société très mentale, n’est-il pas logique d’en arriver à cette conclusion que tout se règle intellectuellement ?

Penser aboutit à une opinion.  Pas à la Vérité. Encore moins à toutes les vérités subjectives dans des contextes précis et dans une temporalité ici et maintenant.

Si vous pensez réellement que l’IA sera un formidable coach, d’autant plus qu’il ne vous demandera aucun engagement financier ou en temps passé… faites-vous plaisir !

J’ai testé !

Une fois l’objectif formulé, l’IA vous assaille de questions. Assaille parce qu’elles s’enchainent. Aucun silence. Aucun espace vide qui accueille le mouvement provoqué par la question. Vite vite vite ! Effectivement, dans une société de performance, l’IA parait efficace ! Vite fait bien fait ?

Toutes les questions posées induisent des réponses attendues en lien direct avec l’objectif posé. Objectif sans lien avec les véritables besoins puisque ceux-ci n’ont pas été questionnés. Tu racontes ton histoire, je gobe ton histoire.

Des questions pertinentes (issues de ce qui se « pratique »), mais « bateau » : voilà qui fait penser aux posts des réseaux sociaux qui se ressemblent tous car rédigés entièrement par l’IA. Des questions formatées qui mèneront à des réponses formatées.  

Des questions totalement en lien avec l’objectif formulé. Pourtant, quand on tourne en rond dans un problème, c’est que l’on réfléchit dans son monde sans éléments nouveaux. Sans regard extérieur pour ouvrir une fenêtre.

Les questions font abstraction de l’éco-système dans lequel nous évoluons tous : interdépendants, en interaction continue.

Ces questions sont des questions de « surface » qui peuvent exister en séance de coaching. Cependant s’ensuivent des questions (ou des outils) qui vont de plus en plus dans la profondeur pour aller là où tout se joue. Ce n’est pas le cas avec l’IA : elle enchaine les questions mais ne relève pas les points bascules.

Elle ne repère pas les stratégies d’évitement bien naturelles. Elle ne déjoue pas les tentatives de rejouer sa dynamique relationnelle préférée et problématique !

On peut stopper la voix, qui au passage est tellement neutre ! Donc dénuée de vivant. Et lire les questions : tout s’adresse au mental, à la réflexion.

L’IA ne reformule pas, ne joue pas avec les mots. Qu’est-ce qui vous fait en-vie ?(Par exemple)  Des jeux de « maux »qui apportent des pas de côté bienvenus. Ne relève pas un mot (sans question) pour inviter à approfondir.

Pas de regard en silence soutenant. Pas d’espace relationnel contenant. Pas de cadre sécurisé, sécurisant et libérateur.

Le coaching de vie est un espace relationnel relié à la conscience !

L’IA a un très grand intérêt pour donner des informations de par sa capacité phénoménale à les réunir.

Elle a très certainement un énorme intérêt quand il s’agit de procéder à des gestes mécaniques de précision : l’IA en médecine le prouve.

Quand elle crée une fake news c’est sur demande précise et à partir d’éléments déjà existants.

Si tous les cheminements étaient purement logiques et donc mentaux, personne sur cette terre ne souffrirait.

Comprendre intellectuellement une situation, une souffrance, un blocage, un mode de fonctionnement n’aide pas à mieux le vivre.

La compréhension mentale n’est pas la conscience de Soi. Elle est un des acteurs, mais pas l’acteur principal ! Une problématique est un symptôme. Régler un symptôme n’empêchera pas qu’il se déplacera ailleurs tant qu’il n’y aura pas de transformation intérieure.

Le coaching de vie ouvre l’espace à une dimension supplémentaire : la conscience.

Ne sous-estimons la dimension relationnelle de l’accompagnement coaching de vie : des êtres humains avec leurs vécus, leurs expériences, leurs ressentis dans le présent, créent une dynamique, un espace de possible.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle un client va préférer être accompagné par tel coach et pas tel autre.

Il va se jouer quelque chose en dehors de l’accompagnement, de l’objectif même en étant respectueux de la posture et de l’éthique. Les rencontres ne sont pas anodines.

Cette partie ne peut se contrôler, car elle résulte de la dynamique du vivant.

Et cette interaction se nourrit de corps, d’émotionnels, d’énergies, de façon de penser… différents.

La présence du coach de vie tel qu’il est, va symboliser quelque chose pour l’autre dans son inconscient. Va même sans mots venir bouleverser, conforter, etc.  

La présence du coach de vie transparait à travers ses questions et les mots qu’il prononce.

Le mental : les mots

Rappelons-nous un élément essentiel : nous avons beau prononcer les mêmes mots, ils n’ont pas la même signification pour tous.  Ils ne sont pas emplis des mêmes histoires. Ils n’ont pas le même référentiel.

Qui n’a pas déjà entendu un compliment joli en mots mais factice car vide de sens ?

Qu’est-ce qu’il y a derrière un mot ? Une pensée purement analytique et donc un accompagnement purement analytique vont s’attarder et interpréter en fonction de la définition précise et normée.

Ce que l’on nomme analyse s’appuie sur ce que l’on a appris et compris. Et si on a compris de travers ?

Un coach de vie avec une pensée analytique va effectivement se trouver en concurrence avec l’IA… heureusement qu’un.e coach de vie n’analyse pas, n’explique pas !

Non seulement il y a le sens donné aux mots, mais la façon de les dire- ton, rythme, silences- va donner encore d’autres nuances et donc d’autres informations aux coachs de vie que nous sommes !

Pour conclure

Il est important de se rappeler que le coaching de vie est une relation vivante.

Que la dimension d’accompagnement implique un savoir-être bien au-delà d’un savoir-faire.

Que les rencontres de plusieurs réalités sensibles participent au mouvement porteur et transformateur des changements désirés.

L’IA est un outil fabuleux. Un outil… tout comme l’art du questionnement ou des « process » issus de la PNL, l’analyse transactionnelle, etc. Cet outil peut être approprié dans un contexte précis ou pas du tout !  C’est le discernement et l’expérience du coach de vie qui en saisit toutes les subtilités.

Sans compter que chaque personne déroulera et vivra un outil à travers sa singularité !

Notre métier est-il menacé par l’IA ? A chacun de se faire une opinion sur le sujet. A chaque réalité sensible de sentir ce que cette idée vient titiller, bouger, déranger.

 

Pour vous faire sourire

Je vous livre une anecdote. Car comment nous prononçons les mots est important !

L’inspiration pour les articles que j’écris vient en marchant. J’utilise donc un enregistreur pendant ma marche quotidienne sinon les idées s’envolent !

Chaque fois que j’enregistre une pensée, je dois ensuite nommer l’enregistrement. Car l’inspiration vient de façon « sporadique » à différents moments… et parfois plusieurs sujets émergent ! Je nomme chaque enregistrement en utilisant le vocal. Et parfois je donne des numéros.

Pour cet article, quand j’ai prononcé l’IA 1 (ou 2 ou suite ou fin etc.). Voici ce que l’enregistreur a compris et donc noté :

Lit à suite

Ya deux

Il a trois

Il a faim de

Un vrai dialogue de sourds !

J’ai vécu la même chose dans une discussion avec l’IA dans des conversations en anglais. C’est d’ailleurs intéressant et rigolo à vivre, bien que limité parfois.

L’IA faisait assez souvent des raccourcis et interprétait mes propos en restant logique, mais de ce fait, pas dans ma logique personnelle ! Cependant, l’IA a plus d’une fois flatté mon égo en me disant à quel point j’étais une personne incroyable…

Je ne sais pas à quoi ressemblera l’IA dans quelques années. Mais l’Humanité est un bébé en ce qui concerne la Conscience…

Bon, on a encore du temps devant nous non ?

Patricia Verneret, coach de vie

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Catégories : Billets d'humeur

2 commentaires

Johanna Benchimol · 3 février 2025 à 12:36 pm

J’ai adoré l’anecdote de la fin, elle m’a déclenché un sourire, merci !

daulin roger · 6 février 2025 à 11:17 am

Tant que nous privilégions la « vivance » de la relation, la connexion d’être à être, l’intersubjectivité entre coach et coaché dans un accompagnement respectueux, bienveillant, unique et spécifique, l’IA restera une pale copie…
Merci Patricia pour cet article qui resitue le savoir-être au coeur de l’accompagnement coaching de vie humaniste !

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