En coaching de vie, lorsque le temps est venu de la consolidation…
Publié par FCV le
En coaching de vie, lorsque le temps est venu de la consolidation…
Rappelons que la séance de consolidation (1) est partie intégrante du dispositif relationnel en coaching de vie, à savoir : demande-besoin-objectif de vie-consolidation. Cette quaternité soutient à la fois ce qui est, ce qui se clôt, ce qui se crée et se relance.
Trop souvent sous-estimé, insuffisamment valorisé et mal explicité généralement, le temps (2) de la consolidation est considéré, il faut bien le reconnaître, comme le parent pauvre de ce dispositif relationnel.
Et si nous accordions à la consolidation, la place, le rôle et la résonance qu’elle mérite ?
Si l’accueil de la demande initiale, l’exploration des besoins fondamentaux et surtout l’élaboration, la validation et la réalisation de l’objectif de vie font la part belle aux échanges, aux questionnements et aux supervisions, la séance de consolidation quant à elle, est traitée périodiquement comme une phase de second rang.
Et pourtant ! la séance de consolidation est un temps précieux visant à rassembler, réunir et fortifier ce qui a été posé et traversé par la personne coachée mais elle incarne aussi l’achèvement d’un processus singulier et spécifique qu’est la relation d’accompagnement engagée entre coach et coaché.e.
Comment donner du poids à cette dernière partie du coaching de vie ? Comment mettre en relief, en valeur et intensifier ce temps indispensable de consolidation d’un parcours ? Car il s’agit aussi, en conscience, de mettre fin à quelque chose : c’est le temps du détachement…
Pourquoi le mot « consolidation (3) » ?
Je préfère le terme « consolidation » à celui de bilan souvent utilisé notamment dans des coachings de performance. Le terme bilan évoque trop la perspective comptable d’un tableau mentionnant d’un côté l’actif, de l’autre le passif. Et il est réducteur de limiter le temps de la consolidation à une comptabilisation des plus et des moins.
L’étymologie du mot « consolidation » souligne la notion de « raffermir, fortifier, rassembler et rendre solide ». Il y a aussi cette idée d’intégrer et d’engranger les multiples expériences issues de l’accompagnement vécu.
La vocation première de la consolidation…
La vocation première de la consolidation est de capitaliser les expériences psychiques, émotionnelles, comportementales, corporelles et autres de ce parcours riche et diversifié. Elle participe à l’ancrage du changement accepté et accompli ainsi que tout ce qui participe à l’élévation et à l’humanisation de l’être.
Elle offre ainsi le temps de conscientiser les résultats et les conséquences multiples de ce cheminement. Mais aussi, elle est censée procurer la satisfaction de goûter, de savourer, d’apprécier, de prendre plaisir, un juste plaisir du chemin parcouru, des résultats obtenus et des perspectives à venir.
Consolider, est en quelque sorte une façon de rendre féconde et efficiente une situation passée, même si bien entendu, aucune solution ne peut être reproduite à l’identique et qu’un travail d’adaptation et de réactualisation est inévitable.
Elle évite l’oubli…
La consolidation évite l’oubli de certaines péripéties, de clefs étrangement remisées dans le subconscient, de solutions astucieuses reléguées dans l’ombre ou plus favorablement de résolutions intelligentes mises en œuvre avec succès ! En d’autres termes, la consolidation favorise la mémorisation de certains paramètres de changement. Le rappel de souvenirs constitue une base potentiellement opérationnelle et plus facile à explorer ensuite.
La phase de consolidation parachève un cheminement contractuel
Le temps de la consolidation conduit à une fin de la relation d’accompagnement. Il s’agit d’une séparation volontaire. Elle doit être organisée et programmée. Il y a nécessité d’accompagner la personne coachée dans cette perspective à se retrouver sans les rendez-vous réguliers avec le coach de vie. Il est question de mettre fin à quelque chose, à un lien particulier entre le coach de vie et la personne coachée.
Le coach de vie est-il tenté de conserver un lien avec son ancien client ? Parvient-il à le « lâcher » ? La mission doit se clore clairement, sans ambiguïté. Il est essentiel que la personne coachée soit en état de réelle autonomie à l’issue du coaching de vie, et la façon dont le coach de vie facilite cette transition est vitale.
C’est ainsi que la personne coachée s’engagera en étant pleinement adulte, auteure et actrice de son existence.
De son côté, le coach de vie résistera-t-il à la curiosité de savoir ce qu’est devenu son ex-coaché ? Enfin, celui-ci peut profiter aussi de sa qualité d’ancien coaché pour soutirer des conseils ou des encouragements même après plusieurs semaines ou mois après la fin officielle de la mission. Il n’est pas sain que le coach de vie reste proche de lui, disponible pour la moindre question.
Pour éviter un tel dérapage, la démarche est simple. Il s’agit de prévoir dans les détails les modalités liées à la fin de la prestation, dès la présentation du coaching de vie. Et de rappeler ce cadre dès lors que l’intervention arrive à sa fin (deux à trois séances avant celle de la consolidation). C’est un point de vigilance qui aura toute son importance à cette étape du coaching.
Couper les liens avec, bien entendu bienveillance et bientraitance, lorsque la prestation de coaching de vie s’achève est essentiel pour que la personne coachée trouve et assume pleinement sa liberté intérieure.
Un temps de consolidation même lorsque la personne coachée décide d’arrêter son accompagnement…
Lorsque la personne coachée décide de mettre un terme à son accompagnement, où qu’elle soit dans son coaching, un temps de consolidation est nécessaire. Ce n’est pas parce qu’elle n’a pas atteint son objectif de vie par exemple, ou qu’elle n’a pas perçu ses besoins profonds ou encore qu’il lui semble tourner en rond, que rien ne s’est passé pour elle !
Rien que le fait d’avoir osé une démarche, d’avoir accepté de se remettre en question, de s’être questionné, des choses ont inévitablement bougé. Prendre du recul sur ce qui a été questionné, compris, voire résolu même si cela n’a rien à voir en apparence avec la demande initiale est important. Peut-être que des transformations silencieuses (4) ont malgré tout opéré. Et il y a lieu ainsi de consolider toutes les avancées, toutes les évolutions même celles qui apparaissent anodines.
Et si le temps de la consolidation prenait une plus juste place ?
Dans le déroulé du processus en coaching de vie, la consolidation, ultime phase de l’accompagnement, prend fréquemment le temps d’une séance. Une seule séance pour rassembler, réunir, fortifier et se projeter dans un futur, n’est-ce pas limité ? Le temps de la consolidation n’est-il pas aussi important que celui de la découverte des besoins profonds ou bien celui de l’élaboration, la validation de l’objectif de vie ? Vaut-il moins que ceux-ci ?
Deux voire trois séances consacrées à la consolidation, après l’objectif atteint, ne seraient pas inutiles. L’expérience m’a montré que ce temps de consolidation rendait la personne coachée plus forte, plus robuste, plus ancrée pour aborder son présent et son futur.
Cela suppose, bien évidemment, une information claire au départ de la mission, au même titre que les autres phases (demande-besoin-objectif de vie)… Quatre phases assurant ainsi une base solide au déploiement de l’accompagnement et des ressources de l’Être. Sans compter que cette quaternité ainsi constituée symbolise la plénitude !
Bien sûr, cela suppose d’actualiser son cadre référentiel, de reconsidérer la façon même de présenter le coaching de vie, ses étapes, et ce qu’elles impliquent, pour le.la coach de vie comme pour la personne coachée.
En conclusion
Le temps de la consolidation ne doit pas être considéré comme l’épilogue furtif d’une mission. C’est une étape essentielle qui ne doit pas être bâclée. Elle est porteuse d’immenses gains pour la personne coachée.
C’est une façon puissante et inclusive de finaliser une prestation, un moment opportun de terminer sereinement une relation, de lâcher un lien fort et singulier, et pour la personne coachée de rassembler force, solidité, sens, capacités et valeurs.
Roger DAULIN Superviseur FCV coaching de vie
- Muller et Pilzecker en 1900 proposent le terme de consolidation pour évoquer un déroulement dont le but est de se réapproprier pleinement et totalement un processus existant et un vécu, que ce dernier soit conscient ou en partie seulement. Ils sont connus pour avoir travaillé sur « l’oubli du quotidien et l’amnésie antérograde ».
- Temps de consolidation : Le plus souvent équivalent à une séance, ce temps de consolidation est court. Trop court… Trop court pour qu’un engrangement complet soit possible, pour que des expériences même brèves et pourtant significatives trouvent un espace suffisant pour se raconter, se souvenir et s’ancrer. Il est nécessaire d’ouvrir ce temps de consolidation à deux voire trois séances en aval de l’objectif atteint, et à plus de 4 à 6 semaines de celui-ci.
- Le Robert dictionnaire historique de la langue française (édition 1992 évoque la forme ancienne du verbe consolider précisant les notions de « souder et de cicatriser ».
- Je fais référence au livre de François Jullien « Les transformations silencieuses » Ed Grasset. Philosophe, helléniste et sinologue français, il est l’auteur de nombreux ouvrages.
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