Coaching de vie : L’objectif de vie ou le Mystère de la Fleur d’Or
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Coaching de vie
L’objectif de vie ou le Mystère de la Fleur d’Or
Note de l’auteur : Je vous propose, par cet article, de poser un autre regard sur la pratique du coaching de vie en la reliant à la philosophie de l’Être. En écrivant, il m’est venu une phrase de Roger-Pol Droit : « Il arrive qu’on s’égare, qu’on saisisse de travers mais cela n’empêche jamais personne de voyager ».
Ce voyage philosophique aux confins de l’Être sur les traces de C.G. Jung et de K.G. Dürckheim vous tente-t-il ? Alors, œuvrons ensemble à la recherche de la Fleur d’Or…
Un objectif est ce qu’une personne se propose d’atteindre. Cela suppose un plan d’action et des mesures opérationnelles clairement identifiables. Il s’agit d’une perspective basée sur un énoncé rationnel, mesurable et reproductible. De nombreux coachings s’identifient à ce seul processus, privilégiant ainsi la performance mais oubliant en cours de route un paramètre essentiel : l’humain dans son entièreté et son besoin vital d’épanouissement !
C’est pour cela qu’en coaching de vie nous privilégions la notion d’objectif de vie. Ce vocable a comme intentionnalité de rassembler non seulement les ressources, les potentialités, les virtualités de la personne coachée mais aussi ses valeurs, son référentiel écologique, ses aspirations profondes et la nécessité vitale de se réaliser pleinement, et ce, à l’occasion d’une situation à traverser ou d’un évènement à venir.
La spécificité même du coaching de vie invite à tisser des liens entre une nécessaire efficience dans le contexte de la personne accompagnée et l’accomplissement de son Être profond, c’est-à-dire sa nature véritable.
Qu’est-ce que le choix d’un objectif de vie suppose dans la pratique du coaching de vie ? Et que vient faire le Mystère de la Fleur d’Or (1) dans le périmètre du coaching de vie ?
L’objectif de vie
L’objectif de vie, tel qu’il est identifié en coaching de vie, procède d’une recherche intérieure, s’ouvrant non seulement sur une connaissance de soi mais aussi sur un processus visant à réconcilier les opposés en soi afin accéder à plus de liberté, de créativité et d’efficience dans son existence.
Dans un premier temps, la connaissance de soi oblige la prise en compte de sa nature profonde et de ses besoins fondamentaux. Il s’agit alors d’accueillir et d’oser l’intime. Il est question de s’aventurer progressivement dans un espace intérieur souvent méconnu par la personne coachée. C’est ainsi qu’élaborer et poser un objectif de vie, c’est le nourrir de vérités progressivement extirpées de soi, éclairées par une nécessité d’être qui l’on est, là où l’on en est, afin de le réaliser en conscience, ici et maintenant…
Il se passe alors quelque chose de l’ordre de l’essentiel dans la mise en œuvre d’un objectif de vie… Nous ne sommes plus à la surface de l’Être, dans la sphère du connu et du maîtrisable ! Nous basculons vers l’intime et ses besoins vitaux existentiels. Identifiés et conscientisés, ceux-ci sont alors pris en compte dans l’élaboration d’un objectif, afin qu’il devienne un objectif de vie. Dans le cas contraire, serait-ce juste de se priver d’une partie de son Être, de cette partie en soi, qui jusqu’à présent n’était ni considérée, ni reconnue à sa juste valeur ?
Inclure le fonctionnement du vivant…
Tel que l’objectif de vie est appréhendé généralement en coaching de vie, au-delà d’une connaissance de soi, il invite à inclure le fonctionnement même du vivant dans son entièreté et dans ce qu’il a de remuant, de rebondissant, de troublant et de touchant. A commencer par le constat de nombreuses discordances et dualités dans nos façons d’être !
Notons que l’objectif de vie, contrairement à un objectif ordinairement recherché, a comme dessein de réduire ces querelles intestines entre le moi et le Soi par exemple, entre l’intelligence et le cœur, entre le subjectif et l’objectif, entre la tête et le reste du corps, etc. Cette relation nouvelle, entre l’objectif de vie d’une part, et d’autre part les besoins fondamentaux de l’Être, ouvre sur une dimension où les aspirations de l’âme tendent à s’harmoniser avec les sollicitations du monde extérieur. Et au cœur de cette alliance, se situe le principe d’unité propre à l’état de bien-être…
Et le Mystère de la Fleur d’Or dans tout ça ?
La Fleur d’Or est une métaphore issue d’un traité taoïste, dans lequel l’importance est donnée non seulement à une recherche intérieure mais surtout au passage de la dualité à l’unité, à une conjonction des opposés, appelée de façon imagée par J.Y. Leloup : les Noces Intérieures…
Disons-le de suite, l’unification des opposés n’est pas une affaire rationnelle, ni une question de volonté. Entre les désirs du moi et les aspirations du Soi, entre le manque-à-être et le besoin d’être, entre l’appétence à la stabilité et la soif aventureuse d’exister, entre le connu et l’inconnu, entre l’avoir et l’être, les dissensions sont considérables. Ces oppositions sont d’ailleurs à l’origine de nombreuses tergiversations et souffrances. La plupart des demandes d’accompagnement proviennent de ces dualités, de ces atermoiements et de ces oppositions intestines parfois brutales. Telles des impasses vécues le plus souvent douloureusement, elles entrainent de nombreuses errances, des questionnements parfois stériles et un mal-être récurrent.
C’est alors que l’objectif de vie devient l’opportunité de réduire ces oppositions, non pas en les refoulant et encore moins en les combattant, mais en les inscrivant dans un acte pacifié. Il s’agit à bas bruit de les intégrer mais surtout de les inclure dans le processus même de l’élaboration d’un objectif de vie.
Passer de la dualité à l’unité…
Et c’est précisément en évoquant ce processus d’inclusion au sein même de l’Être que le Mystère de la Fleur d’Or s’immisce. Celui-ci fait référence à un processus alchimique, à une transformation intérieure résumée par cette représentation symbolique consistant à changer « le plomb en or ». C’est-à-dire transmuer une substance en changeant sa nature…Passer d’une nature vile à une nature noble. Passer de la dualité à l’unité…
Le Mystère de la Fleur d’Or est basé sur une certaine idée du Soi, c’est-à-dire « d’un lieu d’unification virtuelle de tous les opposés et comme la quintessence de l’individu (2) ». Basé sur l’alchimie chinoise, il s’appuie sur l’existence d’une unité corps-âme-esprit présente en soi. D’où l’importance d’actualiser matériellement cette unité grâce à la poussée des besoins d’être de l’Être profond.
La Fleur d’Or symbolise « l’intégralité réalisée »
La Fleur d’Or est ce qui résulte du processus d’individuation, de cette métamorphose intérieure dans laquelle se réalise à la fois la conjonction des opposés, le discernement supposé à la suite de l’élargissement de la conscience, et la fertilisation du moi par le Soi. Et c’est au sortir de cette infiltration du Soi dans le moi, de cette pollinisation du moi par le Soi que le sujet se trouve potentiellement renouvelé et transformé.
Cette union du moi-Soi (Les Noces Intérieures selon J.Y. Leloup) donne naissance à un changement conscient de l’individu le conduisant à un nouvel espace de représentation et d’expérimentation de l’Être. Cette « union sacrée » qui s‘impose par sa haute valeur ontologique a comme conséquence immédiate (et transitoire !), une succession d’enchainements à savoir, une première étape présentant le moi d’une part, et le Soi d’autre part, à une représentation consciente mais éphémère du moi et du Soi, pour parvenir enfin à cette inclusion : moi-Soi.
C’est alors que la Fleur d’Or symbolise « l’intégralité réalisée (2) ». Cette « intégralité réalisée » n’est pas une compilation d’éléments nouveaux. Dans un premier temps, elle procède d’un processus de perte et de deuil de certains éléments devenus statiques au fil du temps et des conditionnements. Cet abandon relatif de certains acquis et de quelques certitudes, donne lieu alors à une transmutation, c’est-à-dire à un processus visant à élever ce qui était une négation, une opposition, un clivage ou une stagnation en une substance de nature différente.
Cette Fleur d’Or illustre la fonction transcendante du processus d’individuation. Cette union réalisée a un effet transformationnel dans le sens où elle permet un changement de regard, un élargissement de la compréhension des choses et une modification d’attitude.
Le Mystère de la Fleur d’Or donne à imaginer la beauté de ce cheminement de la conscience… Quant au mot « mystère », il souligne l’inaccessibilité à la raison humaine et à l’explicable. C’est pour cela que la Fleur d’Or ne se planifie pas, ne se décide pas. Elle advient…
L’objectif de vie agit sur quelque chose de plus grand encore…
L’objectif de vie, comme le conçoit le coaching de vie, est précisément ce moment clé de l’actualisation et de l’incarnation de cette conjonction des opposés, de cette réunification intérieure. Certains parleraient de dépassement de soi. Plus justement, l’objectif de vie agit fondamentalement sur quelque chose de plus grand encore…
En d’autres termes, l’objectif de vie incarne ce qui peut l’être, là où en est naturellement la personne coachée, en posant un acte de vie éclairé. L’objectif de vie n’est pas seulement un point matériel ou situationnel que la personne coachée se propose d’atteindre. Encore moins le terme d’une trajectoire…
En s’appuyant sur une unité corporelle, sur l’idée de l’entièreté, sur la nécessité d’assumer et d’incarner ce qui définit au plus profond l’Être de la personne coachée, et ce, en synchronicité avec une situation à vivre, l’objectif de vie matérialise ainsi une expérience grâce à laquelle une transformation a lieu.
L’objectif de vie est l’opportunité d’établir une relation vivante entre l’entièreté de l’Être, une situation concrète à traverser, un changement d’attitude du conscient et l’interaction avec le monde dans lequel la personne coachée évolue.
En résumé…
L’objectif de vie est l’aboutissement transitoire d’un processus créatif extrayant pour l’occasion ce qui est juste, ce qui offre du sens à l’histoire présente et future de la personne accompagnée. Il est l’endroit où les capacités, les ressources et les virtualités se rejoignent, où les opposés s’unissent, où ce qui émerge d’une conscience renouvelée (3) contribue à plus de justesse dans l’existence présente et à venir de la personne coachée.
Et l’instant où l’objectif de vie fait unité (4), la Fleur d’Or éclot…
Roger DAULIN Superviseur coaching de vie FCV
- Le Mystère de la Fleur d’Or est un traité taoïste révélé par Lu Tsou, transmis en 1928 à Richard Wilhem, missionnaire protestant vivant en Chine et ami de C.G. Jung. A la suite de quoi, celui-ci a écrit « Commentaire sur le mystère de la Fleur d’Or », une étape majeure de son œuvre.
- Extrait du livre « Le vocabulaire de Carl Gustav Jung » Ouvrage collectif sous la direction de Aimé Agnel Ed Ellipses
- Le processus visant un renouvellement de la conscience, C.G. Jung l’a nommé « fonction transcendante ». Cette fonction transcendante a comme cheminement de réduire voire de franchir ce qui sépare le conscient de l’inconscient, et plus encore de procéder à l’union des deux permettant alors, pour la personne coachée, un changement profond de paradigme. Cette fonction transcendante est largement favorisée lorsque l’accompagnement questionne et s’ouvre sur l’imaginaire, la symbolique, les émotions, les images, et de les laisser se développer librement. Ce processus à partir de l’imaginaire emploie tous les moyens d’expression possible tels que l’écriture, le dessin, le mouvement corporel, la respiration, la voix, etc.
- « Lorsque l’objectif de vie fait unité… ». Cela suppose que l’objectif de vie élaboré par la personne coachée comporte en son sein au moins un élément témoignant, sous une forme ou une autre, d’un processus unifié ou en cours d’unification.
Bibliographie pour aller plus loin :
Commentaire sur le mystère de la Fleur d’Or – Carl Gustav Jung – Ed Spiritualités vivantes
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