COACHING DE VIE : « Oser perdre la raison… »

Publié par FCV le

COACHING DE VIE
« Oser perdre la raison… »

Mais pourquoi « perdre la raison » -provisoirement j’entends- alors que bien souvent l’homme se définit précisément par celle-ci ? « Oser perdre la raison » signifie-t-il une sortie de la cohérence, de la pensée rationnelle, de la déduction purement logique ? « Oser perdre la raison » n’est-ce pas l’opportunité d’aborder autrement, différemment, une situation ?

La perspective de « perdre la raison » à certains moments clés de l’accompagnement coaching de vie ouvre de nouvelles voies de perception, de compréhension et de créativité. Il est question de l’envisager non pas comme une perte mais comme une ressource nouvelle, offrant l’opportunité d’explorer des dimensions de la réalité inaccessibles par la seule logique. Cela ouvre la porte à une approche plus réceptive, plus émotionnelle ou même spirituelle du monde.

« Oser perdre -momentanément- la raison » pour s’ouvrir à des espaces plus profonds de soi-même…

Freud(1) et Jung(2), deux figures emblématiques de la psychologie, ont exploré comment l’inconscient et le subconscient influencent nos pensées et comportements. Pour eux, la perte de la raison pouvait ouvrir des portes vers une compréhension plus profonde de soi-même et de l’humanité en accédant à des couches de l’esprit souvent inexplorées.

Libérer l’esprit des contraintes rationnelles

De nombreux artistes et écrivains ont exploré l’idée que la seule rationalité peut être une barrière à la créativité. Le surréalisme, par exemple, cherchait à libérer l’esprit des contraintes rationnelles pour accéder à des sources plus profondes d’inspiration. André Breton, l’un des fondateurs du surréalisme a écrit que la vraie créativité venait de l’inconscient et non de la pensée logique et structurée. Michel Foucault (3) a évoqué en maintes reprises que ce qui est considéré comme « irrationnel » peut en fait contenir des vérités profondes sur la condition humaine.

Accompagner, c’est aussi envisager de sortir d’un cadre habituel de pensée

« Oser perdre la raison », dans un sens métaphorique, permet de sortir de notre cadre de pensée habituel pour accéder à de nouvelles perspectives. Cela peut être comparé à l’idée de « déraciner » notre esprit pour voir au-delà des limites de notre rationalité quotidienne.

Carl Gustav Jung n’omettait jamais de dire que la perte consciente de la raison pouvait mener à une plus grande intégration de soi et à une compréhension plus profonde de l’univers. François Jullien (4), dans ses études comparatives, voyait dans cette perte de la raison une manière de transcender les paradigmes culturels et philosophiques pour accéder à des modes de perception différents.

« Oser perdre la raison » c’est en quelque sorte dépasser les limitations de la pensée

Dans notre pratique d’accompagnement coaching de vie, c’est laisser être la possibilité de voir les choses sous un autre angle. A certains moments de l’accompagnement, il s’agit de percevoir plutôt que voir, ressentir plutôt que raisonner… Il s’agit d’encourager une forme de décalage cognitif permettant de dépasser les limitations de la pensée rationnelle habituelle et d’embrasser des idées plus intuitives ou créatives.

En somme, c’est proposer d’effectuer un pas de côté.

Et bien sûr, inviter les ressentis du corps à s’exprimer !

Corporellement, par exemple : suggérer à la personne accompagnée de s’installer confortablement dans son corps, afin de recevoir les sensations, d’accueillir les émotions, de vivre corporellement sa relation au monde.

« Oser perdre la raison » ce n’est pas s’absenter de soi mais habiter l’espace et le volume de tout son corps pour se positionner avec de nouveaux repères dans son existence. Il faut dire que notre corps est une place incontestable, un lieu unique, là où se construit précisément notre existence.

Lorsqu’il est question de ressentir le monde plutôt que de le penser…

« Oser perdre la raison », c’est quitter -provisoirement- une façon d’appréhender le monde par la pensée pour le ressentir et l’éprouver. C’est se laisser mettre en œuvre différemment, sans le préalable de la raison. Il s’agit d’expérimenter l’espace habité et en mouvement qu’est le corps, de s’enrichir de sa seule présence.

Le retour à son corps c’est réapprendre sa relation au monde, délier des peurs souvent occasionnées par la pensée. Ce n’est pas se réduire mais plutôt s’alléger de ses a priori, de ses attentes et de ses jugements pour qu’un autre rapport au monde se développe.

Le corps, par sa capacité à ressentir et à percevoir de manière non verbale, ouvre des portes vers des horizons nouveaux et souvent inaccessibles par la seule pensée logique. Alors, questionnons-le !

Le questionnement allusif (5) par exemple, est également une approche indirecte qui suscite des réponses et des perspectives plus profondes. En posant des questions de manière allusive, on peut susciter une réponse venant des profondeurs de l’inconscient, touchant des aspects plus subtils de l’Être.

Recevoir, accueillir, accepter les tensions, les sensations et les émotions issues du corps

Le ressenti ventral par le Hara (6) est quant à lui une notion essentielle dans l’accompagnement coaching de vie. Considéré comme le centre de l’énergie vitale et de la conscience corporelle, il permet de dépasser les limitations du mental rationnel pour embrasser une forme de sagesse plus intuitive et enracinée.

Cela implique bien sûr, d’écouter attentivement ses sensations, ses tensions et ses émotions. Par exemple, dans l’accompagnement coaching de vie, il est vital de porter attention au corps, en se demandant ce qu’il ressent, et en accueillant les messages qu’il pourrait générer.

Ces approches montrent comment le corps et ses modalités perceptives d’être au monde sont des alliées dans la quête de la compréhension de soi mais aussi dans l’élaboration, la mise en œuvre et la réalisation de l’être que l’on est, que ce soit dans l’intime de notre existence, dans le relationnel aux autres ou dans le contexte professionnel.

« Oser perdre la raison », une option puissante pour plus de justesse…

« Oser perdre la raison » peut être une passerelle entre notre conscience et nos dimensions plus subtiles et intuitives. Oser activer des réponses corporelles et émotionnelles est une option puissante pour accéder à des perceptions plus justes, plus appropriées, plus en adéquation avec ce que l’ensemble de l’Être est en mesure d’incarner.

Pour une coexistence « du raisonné et du ressenti »

En conclusion, « oser perdre -momentanément- la raison » conduit très souvent à une reconfiguration de la perception de soi et du monde. C’est une expérience qui donne libre cours à la créativité.

C’est ainsi que je plaide pour une coexistence « du raisonné et du ressenti » tout au long d’un accompagnement coaching de vie. Vivre réellement une situation, c’est aussi la ressentir profondément dans son corps. La ressentir et pas seulement la rationnaliser et encore moins la « chosifier ». Et le ressenti est souvent généreux en pistes à explorer, en hypothèses à faire grandir, en situations nouvelles à tester.

Cette coexistence est un encouragement à des prises de risques qui mènent à des découvertes personnelles profondes. En sortant des sentiers battus de la logique et du rationnel dans l’accompagnement coaching de vie, des solutions innovantes émergent permettant ainsi d’embrasser des aspects de vie que la personne coachée aurait autrement négligés.

Et vous, chers coachs de vie, quelle place accordez-vous aux ressentis, aux sensations, aux dimensions subtiles du corps dans votre pratique d’accompagnement coaching de vie ?

Roger DAULIN Superviseur FCV coaching de vie

  1. Sigmund Freud (1856-1939) neurologue, fondateur de la psychanalyse. « Oser perdre la raison » évoque bien des thèmes de Sigmund Freud sur l’inconscient. Bien que cette phrase ne soit pas une citation directe de Freud, elle résonne avec ses explorations sur les processus psychiques qui échappent à la conscience.
  2. G.Jung (1875-1961) médecin psychiatre suisse, fondateur de la psychologie analytique. Pour approfondir nos réflexions sur la raison et l’inconscient, je recommande le livre « L’homme et ses symboles » et « Métamorphoses de l’âme et ses symboles ».
  3. Michel Foucault (1926-1984) philosophe français, a beaucoup écrit sur la raison. Les ouvrages « L’archéologie du savoir » et « Naissance de la clinique » sont des ouvrages qui donnent un aperçu de la manière dont Michel Foucault a analysé l’histoire et la philosophie de la raison.
  4. François Jullien (1951) philosophe et helléniste français explore de manière fascinante les thèmes de la raison et de la créativité. Son livre « Les transformations silencieuses » approfondit la façon dont la pensée chinoise offre une perspective différente sur la raison et la créativité.
  5. Le questionnement allusif fait référence à des questions indirectes ou implicites. Exemples : « Autre chose ? Et alors ? Que voulez-vous dire ? etc. Il suscite réflexion mais aussi ouvre la porte à l’expression des ressentis, des émotions, des sensations, et permet d’aborder des sujets délicats sans confrontation directe. Le questionnement allusif est très souvent utilisé dans la pratique de l’accompagnement.
  6. Le Hara ou centre d’énergie est une zone qui se situe en dessous du nombril. Le Hara est le centre de notre enracinement tant sur un plan énergétique, que psychologique et physiologique. K. G. Dürckheim (1896-1988) psychothérapeute et philosophe allemand a écrit un livre référence sur le Hara : « Hara – centre vital de l’homme »

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2 commentaires

Frédéric Camilo · 17 février 2025 à 11:50 am

merci pour cette article, très instructif

    FCV · 17 février 2025 à 11:55 am

    Merci Frédéric pour votre retour !

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