Oser l’accompagnement… Oser le coaching de vie jusqu’au bout !
Publié par FCV le
Oser l’accompagnement… Oser le coaching de vie jusqu’au bout !
Témoignage
« As-tu peur d’aller au bout du bout de la relation d’accompagnement ? » Telle fut la question qu’il me posa. Je n’ai pas su répondre à cette question. En fait, je n’ai pas pu… J’étais paralysé de l’intérieur.
« Ose l’accompagnement… ose l’accompagnement jusqu’au bout, au bout du bout. Ose… » me dit-il. Sa voix est douce et son regard bienveillant. « Ose laisser se déployer la relation d’accompagnement telle qu’elle est, à cet endroit-là. Ose laisser être ce qui peut l’être. Puis, après quelques secondes de silence, il porte la dernière estocade : « De quoi as-tu peur ? ».
Tout est dit ! Oui, j’ai peur… J’ai peur d’aller au bout du bout du bout de l’accompagnement. J’ai peur de cet infini, de cet Absolu, de cette insaisissabilité…
C’était une après-midi de novembre, pluvieuse et grise. J’étais en séance d’analyse de la pratique. « Ose…Ose…Ose… » répéta-t-il avec lenteur tel un mantra. Un léger sourire éclaira son visage. Et il ajouta : « Laisse l’accompagnement accompagner l’accompagnant que tu es… »
Merci Yves M. pour toutes les supervisions et les séances d’analyse de la pratique à mes côtés. Celle-ci tout particulièrement reste gravée à jamais dans mon cœur. Plus de 25 ans après…
Ce fut l’amorce d’une mue… D’une mue, suivie d’une chute, puis d’un renouvellement. Toutefois, ce renouvellement ne fut conscient que bien plus tard. La chute, oui ! Je l’ai senti jusque dans la moelle de mes os…
Que s’est-il passé pour moi après cette séance d’analyse de la pratique auprès de Yves M. ? Car il n’y a pas à en douter : un séisme a eu lieu. Et son épicentre de magnitude 8 ( !) me laisse sur le carreau. De quoi ai-je peur ? Je ne comprends pas. Ce qui me traverse l’esprit à ce moment-là, c’est qu’un terrible malentendu a lieu. Mais sitôt formulée dans ma tête, cette réponse réflexe tombe à l’eau… De quoi ai-je peur ? Et alors là, je ressens venant de mon ventre, une frousse, un effroi, un affolement. En un mot : un choc. Un terrible choc !
« Je fais tout comme il faut ! »
Quelque chose de fulgurant me traverse. La peur. J’ai peur. Très peur. Et je n’avais jusqu’alors aucune conscience de cette peur. Dans ma pratique « même pas peur » ! Pourquoi aurai-je eu peur puisque « je fais tout comme il faut ». Je me prépare en amont de la séance, je me réfère scrupuleusement à mon cadre de travail, je respire aussi pleinement que possible, je prends du temps pour être dans mon corps. De plus, j’accueille avec bienveillance les clients et je les accompagne au mieux. Et de plus, je pense être un homme sérieux, consciencieux, persévérant, accueillant, bienveillant, bientraitant, doux et gentil même aux dires de certains ! Alors pourquoi cette frayeur venue de l’intérieur, cette trouille au point de vriller mes tripes !
« Ose… et de quoi as-tu peur ? ». Ces deux énoncés ont produit en moi un électrochoc inattendu. Ce fut non pas un point de départ, mais un basculement majeur dans ma pratique de l’accompagnement. Un renversement…
Mais il m’a fallu du temps pour …oser ! Oser « laisser être ce qui peut l’être ». Oser aller au bout du bout de l’accompagnement coaching de vie. Et encore aujourd’hui, je ne suis pas sûr d’offrir ce bout du bout à la personne accompagnée. Sûrement mon rapport complexe à l’infini…
Après cette séance d’analyse de la pratique, ce fut un vrai défi. Progressivement, ce défi a laissé la place à l’étonnement, au ravissement, à la joie d’être là, en présence, dans ce cheminement du bout du bout… Être le témoin discret et bienveillant d’un « laisser être ce qui peut l’être » et d’un « laisser surgir ce qui peut surgir » sur ce bout de route vers l’Absolu.
Toutefois, je ne suis pas en train de dire que j’ai accompagné à chaque fois les personnes coachées jusqu’au bout de leurs possibles. Je n’ai pas cette prétention. J’ai seulement tenté de ne pas les encombrer de mes propres limites, de mes croyances limitatives, de mes a priori restrictifs. Et d’entretenir en moi l’espérance que ces hommes et ces femmes puissent avoir accès en eux-mêmes à l’indicible.
Il m’a fallu du temps pour oser !
Si aujourd’hui je témoigne de cette expérience personnelle avec un léger détachement, ce ne fut pas le cas au lendemain de cette édifiante analyse de la pratique, il y a 25 ans ! Il m’a fallu du temps pour oser, car les obstacles, évidemment, ne se trouvent pas à l’extérieur. Ils sont à L’INTERIEUR de soi ! Certes, c’est à la fois plus pratique parce qu’ils sont à portée de mains si je puis dire, mais plus engageant, plus risqué ! Résistances, frustrations, peurs, méconnaissances, etc. et j’en passe ! Consterné au premier abord, je prends rapidement la dimension du chantier qui s’ouvre à moi, à savoir : une vraie rencontre avec l’être que je suis !
Mais surtout je ne refuse ni les naufrages, ni les errances, ni même les impasses qui se révèlent parfois brutalement à moi. Dire que je les accepte d’emblée, c’est présomptueux ! Encore aujourd’hui des relents de « je ne sais quoi » persistent. Ou surgissent d’un trou perdu ou inconnu. Peu importe, le chantier reste ouvert…
Oser laisser s’écouler la relation d’accompagnement…
Oser, c’est aussi oser l’échec ! Cela ne m’a pas échappé. Oser peut m’amener à l’erreur, à l’échec. Pour un homme qui souhaite « faire bien tout comme il faut », le spectre de l’erreur n’est pas facile à conjurer.
Toutefois, « laisser être » comme d’ailleurs « laisser faire ce qui peut se faire » ne signifie pas l’abrogation de toute obligation. Le « laisser… » n’est pas de l’indolence, encore moins de la paresse ou de l’indifférence. Grâce à l’expérience issue de la pratique, j’ai compris que « laisser… » convie l’accompagnant à dégager un espace habituellement chargé d’attentes, d’a priori, d’analyses, de jugements. Et c’est ainsi qu’un nouvel espace prend forme dans cet entre-deux relationnel (coach de vie – coaché(e)). Et cet entre-deux plus ouvert, progressivement, crée un monde plus sensible, plus ouvert, plus tolérant, plus créatif aussi.
Oser « laisser s’écouler » une relation d’accompagnement… Comme si l’accompagnant n’était qu’un témoin invité à quelque chose de grand, à quelque chose de non maîtrisable, à quelque chose d’indicible. Quelque chose qui se déroule en chacun, accompagnant-accompagné(e), quelque chose de distinct, de singulier.
Oser « laisser être l’Être et laisser l’accompagnement accompagner ». « Oser » n’est pas un encouragement à faire quelque chose mais plutôt à abandonner toute volonté de faire, y compris d’accompagner pour quelque chose, pour obtenir un résultat par exemple.
L’accompagnement, un immense héritage
Cet article, sous forme de témoignage, évoque une facette de mon expérience et quelques-unes de mes interrogations en tant qu’accompagnant coach de vie.
En tant que coach de vie, grâce à des supervisions et des analyses de la pratique régulières, j’ai vécu de belles découvertes sur moi-même, sur la relation d’accompagnement en particulier et sur l’humain en général.
J’ai conscience que la dimension de l’accompagnement est avant tout une transmission et un immense héritage. Qu’adviendra-t-il de celui-ci ? Je suis confiant. Quelques coachs de vie prennent déjà la relève….
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